Les parcelles qui ont été gelées en avril n’ont pas été touchées. Celles qui étaient épargnées ont été ravagées par la grêle… On avait une superbe récolte, maintenant il faut sauver les meubles » se résigne Dominique Lafosse (Clos Bourgelat, 14 hectares en AOC Graves). Après l’orage de ce dimanche 27 août, le vigneron de Cérons s’est lancé corps et âme dans ses vendanges dès hier. Pour que les baies touchées ne partent pas en piqûre acétique et puissent être rapidement vinifiées. « Avec le recours exceptionnel à un prestataire pour vendanger au plus vite, les coûts supplémentaires sont conséquents*. Et l’on n’est même pas sûr que les assurances marchent… On récolte d’urgence alors qu’il n’y a pas eu de constat » s’inquiète Dominique Lafosse.
Sur l’appellation Graves, cinq communes ont été touchées recense Mayeul l’Huillier, le directeur du syndicat viticole. L’épicentre a ravagé les vignes de Podensac, avec des baies broyées devant la maison même des vins de l’AOC. Les autres communes touchées, à un moindre degré, sont Arbanats, Cérons, Illats et Virelade. « Il ne faut pas tomber dans le catastrophisme. Sur certaines zones les productions vont s’équilibrer » rassure Mayeul l’Huillier.


Le syndicat des Graves souhaite désormais mobiliser les pouvoirs publics pour assister les domaines sinistrés. Pour les cinq communes touchées, une demande d’autorisation exceptionnelle d’enrichissement par sucrage à sec est déposée depuis hier aux services de l’INAO et à la Direccte. « On utilisera ou pas cette possibilité de chaptaliser. Mais au moins qu’on l’ait s’il faut remonter le degré » souligne Dominique Lafosse (qui vendange actuellement une parcelle de sauvignon à 12 degrés d’alcool potentiel).
La demande de chaptalisation a également été revendiquée par le syndicat des AOC Bordeaux. Sur les 400 à 500 hectares de vigne qui seraient touchées, 200 à 300 ha seraient en AOC Graves.
Aux cinq communes de la rive gauche, quatre sont également concernées précise Florian Reyne, le délégué général du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs. Il s’agit de Beguey, Cadillac, Paillet et Rions. De l’autre côté de la Garonne, les dégâts sont cependant de moindre intensité, l’orage semblant s’être calmé en traversant le fleuve. Quoi qu’il en soit, « il n’y a pas à réfléchir pour les blancs, les vendanges sont lancées pour pouvoir travailler les jus au chai. Pour les rouges, il faut tenter de sécher les baies avec du talc » conclut Florian Reyne.
* : Sans compter le coût supplémentaire d’un important refroidissement de la vendange, la récolte se faisant à des températures dépassant les 30 °C.