C’est un orage de plus… Le quatrième en quinze mois aux mêmes endroits. Ça s’accumule » soupire Dominique Piron, le président de l’interprofession des vins du Beaujolais (Interbeaujolais). La lassitude est forte dans le vignoble, alors que la loi des séries remet le couvert : un nouvel orage a abattu ses grêlons ce 30 juillet sur les communes de Villié-Morgon, Fleury, Morgon, Lancié… Alors que les blessures du 10 juillet étaient encore fraîches dans les crus du Beaujolais. A priori plus large que la précédente grêle, l’orage de dimanche dernier semble avoir été moins intense et spectaculaire. Les vignes touchées étant encore vertes, alors qu’elles paraissaient tondues il y a trois semaines.
Face aux baies éventrées et aux feuilles à terre, « on devient philosophe. Mais c’est décourageant de se dire que toute une année on travaille pour finalement pas grand-chose » constate Isabelle Perreau. Se trouvant sur la commune de Vauxrenard, son domaine, Côte de la Molière (8 hectares), semble avoir été pris dans l’épicentre de l’orage et pourrait encaisser des pertes allant de 80 à 100 %.


« À ce stade, il n’y a pas de préconisations particulières pour les vignes touchées*. Il faut attendre que cela sèche et espérer que les baies cicatrisent et finissent pas tomber » appelle de ses vœux Nina Chignac de la Chambre d’Agriculture du Rhône, dont les services réalisent une enquête pour estimer l’impact de cet orage. « Il faut que les grappes sèchent avant que les experts puissent nous dire si l’on va avoir -20 ou -30 % de dégâts » ajoute Dominique Piron. Le vigneron ne cache pas son inquiétude alors que de nouveaux orages sont attendus ce soir. Et que la sécheresse commence à peser sur le développement des raisins : « il n’y a pas de jus, si l’on enlève la peau et les pépins il ne reste pas grand-chose » lâche-t-il dans un soupir.
* : « À part protéger les feuilles contre le mildiou, si besoin » précise la technicienne.
Installé ce millésime, le nouveau réseau de générateur à iodure d’argent affiche un bilan pour le moins mitigé alors que les dégâts s’accumulent. Défenseur de l’Association Départementale d'Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques, Dominique Piron glisse que « c’est difficile à dire à ceux qui ont été touchés, mais je persiste à croire que c’est utile. Quand la grêle tombe, elle est plus petite. On ne peut pas promettre une protection à 100 %… » Depuis l’orage de grêle du 10 juillet, des vignerons envisageraient désormais d’installer des filets paragrêle rapporte-t-on à la Chambre d’Agriculture.