Aujourd’hui, on demande aux viticulteurs d’atteindre 12 hectolitres d’alcool pur par hectare. Mais si on enlève les aléas climatiques, il ne faut pas faire une erreur ! Alors que la société demande de moins en moins de traitements » résume Patrick Mandon, animateur terrain d’Ocealia, qui organisait ce 25 juillet une matinée technique à Segonzac (Charente). Pour résoudre ces problématiques croisées, la piste des produits de biocontrôle est désormais incontournable. Mais il faut avoir conscience de leurs limites souligne Pascal Maran, du service agronomique d’Ocealia.
De son expérience, il estime qu’il convient de « traiter tôt avec des produits de contact, mais d’encadrer la floraison avec des produits conventionnels à haute efficacité. Ensuite on peut réintégrer des produits de biocontrôle pour finir la saison. » Ses expériences ayant montré les points faibles des biocontrôles, il souligne que ce ne sont pas des « bêtes de concours ». Par rapport aux produits conventionnels, il précise leur sensibilité aux UV et fortes températures, leur cadence de traitement plus importante (pas de 14 jours, mais de 10-12 voire 8-10 jours), l’instabilité des bouillies, les temps de séchage plus importants…


L’ugni blanc étant très sensible au mildiou, Pascal Maran conseille de démarrer de bonne heure les traitements. Mais du stade boutons floraux séparés jusqu’à la fermeture de la grappe, il estime que « les produits de biocontrôle ne peuvent pas intervenir. Ils ne sont pas au niveau, alors que la sensibilité des feuilles et grappes est très importante. » Testée dans le vignoble charentais, cette approche du biocontrôle repose sur une liste réduite de produits. Ne préconisant que des traitements homologués, le distributeur coopératif n’a en en boutique que le LBG contre le mildiou, le soufre mouillable contre l’oïdium, et le Blason en mixte contre les deux maladies cryptogamiques.
Au-delà des pressions sociales et des volontés sociétales, le développement des biocontrôles répond à un enjeu économique et réglementaire pour les distributeurs. La mise en place du Certificat d’Économie des Produits Phytosanitaires (CEPP), introduit par la dernière loi d’orientation d’avenir agricole, qui impose aux distributeurs d’intégrer dans leurs ventes de phyto au moins 20 % de biocontrôle. Sinon ils devront régler une pénalité proportionnelle. « La barre est haute » conclut Patrick Mandon, sans préciser le niveau actuel.
* : Notamment l’exploitation du lycée viticole de Jonzac.