Vins naturels, vins nature, vins nus, et même vins à poil ! Il y a beaucoup d’imagination, de joie et de créativité pour donner un coup de pied dans la fourmilière ! » note, pince sans-rire, l’Å“nologue Jean Natoli (fondateur du laboratoire languedocien éponyme). Conseillant aussi bien des caves prônant le zéro risque que celles chantres de la moindre intervention, le technicien sait pourtant à quel point le sujet des vins nature peut être polémique. D’où sa volonté d’en faire le thème de la douzième journée technique Vino Latino, qui se tient ce 15 juin.
Sujet aussi âprement défendu que violemment attaqué, le concept de naturalité des vins est ici abordé à partir des fondamentaux. De la culture de la vigne, liane devant être domestiquée et protégée pour assurer une production qualitative, à la question du contrôle des vinifications pour proposer un vin franc et marchand. « On peut trouver toutes les approches, qu’elles soient d’industrie ou d’orfèvrerie, selon le vin que l’on veut présenter à ses acheteurs. Les pratiques sont plus ou moins interventionnistes, excitantes et respectables » commente Jean Natoli, défendant cependant les solutions techniques dès lors qu’il s’agit d’éviter les impasses.


Comme lors de cette année d’élections, « il y a les vins du système et ceux hors système » plaisante Jean Natoli. Ne les opposant pas, il souligne que si les vins nature ne représentent qu’une petite niche surmédiatisée, sa demande est réelle. « Personne n’empêche un acheteur ou un consommateur de trouver un vin à son goût. S’il se vend, c’est qu’il correspond à un besoin. Même s’il ne correspond pas aux canons de beauté habituels, il est souvent porté par une personnalité et une philosophie » note-t-il. S’amusant que « les vins nature sont souvent des vins jugés antipathiques, faits par des gens sympathiques ! »
Si l’Å“nologue languedocien devait avouer un regret, ce serait que le débat sur la naturalité des opérations vinicoles obstrue le débat sur l’expression des terroirs. Qui commence pour lui à la vigne avec la gestion fine du matériel végétal. En dégustation, « l’émotion est souvent quelque chose qui n’est pas cadré. Le supplément d’âme ne peut pas être mis en boîte » conclut-il. Un sujet qui sera abordé par l’intervention de son confrère Marc Dubernet, « le vin est-il un aliment comme les autres ? »
La question de la définition d’un vin nature est toujours sujette à caution. « On a une vinification au moins sans ajout de sulfites, mais elle peut aussi être sans levurages, sans filtration… Bref, sans aucun intrant » résume Jean Natoli. Cette terminologie reste d’autant plus difficile à encadrer que par définition ses producteurs ne se méfient des démarches normatives.