ne double surprise. Pour les vignerons d’Anjou-Saumur, le coup de gel qui a frappé le vignoble a provoqué deux étonnements. D’abord, par sa durée, en deux vagues, les 20 et 21 avril, puis du 26 au 29, les morsures du gel ont provoqué de nombreux dégâts. Et, second point d’interrogation, bon nombre de parcelles grillées cette année, n’avaient jamais été touchées par les froids, y compris en 1991.
C’est particulièrement le cas dans l’appellation Savennières, sur la rive droite de la Loire, où on estime les dégâts entre 70 et 80 %. De l’autre côté, la zone nommée bas-layon, où on produit notamment les coteaux du même nom, le coup de gel a été sévère. D’autant que dans certaines communes, certains avaient déjà été touchés l’an passé. « Je vais faire une récolte sur deux ans », souligne un producteur de Saint-Lambert du Lattay. En remontant le Layon, le cœur du vignoble (Faye d’Anjou, Champ-sur-Layon…) a été miraculeusement épargné. A la source, les dégâts sont très hétérogènes. Certains sont passés à côté, d’autres ont des vignes grillées à 50 %. Par ailleurs, le secteur de l’Aubance-Brissac a été impacté de l’ordre de 20 à 30 %. Enfin, du côté du Saumurois, c’est surtout l’appellation saumur champigny qui a trinqué, avec une évaluation de préjudice de l’ordre de 35 %.
Incertitudes sur l’évaluation de la perte
Au global, le vignoble serait impacté dans une fourchette de 20 à 30 %. « Ça ne signifie pas qu’on aura 20 à 30 % de pertes de récolte », modère Laurent Ménestreau, le président de la Fédération viticole de l’Anjou. « Tout dépend de la façon dont ça peut repartir, de la fleur, de l’été… ». L’an passé, malgré un coup de gel à la même époque, certains ont fait le plein. Alors qu’on évoquait des pertes de 10 à 20 %, la récolte n‘avait été amputée que de 7 ou 8 %. « Cela dit, ces chiffres globaux ne doivent pas nous faire oublier ceux qui ont été fortement touchés, en particulier les jeunes et ceux qui ont subi le gel deux années de suite, auxquels nous devons penser tout particulièrement ».
Réflexion sur la gestion des stocks
Concrètement, en s’associant soit au plan régional, avec les autres fédérations ligériennes, soit en travaillant avec la Cnaoc au plan national, les responsables angevins comptent solliciter des mesures d’aides exceptionnelles, notamment auprès de la MSA. Il y aura aussi des rencontres locales avec les banques, les centres de gestion. Voilà pour le court terme. Par ailleurs, la Fédération a sollicité un courtier en assurance pour qu’il lui déniche le meilleur contrat à proposer à ses adhérents afin de couvrir les différents risques au vignoble. Enfin, elle entend mener une discussion avec le négoce sur la gestion des stocks. « Il faut qu’on travaille sur les VCI, réserves… peu importe le nom, pour que les cours ne baissent pas chaque fois qu’on a un peu de stocks. Alors que, eux comme nous, ont besoin de produits à commercialiser », conclut Laurent Ménestreau.