éunie aujourd’hui dans le Médoc (au château du Taillan), l’assemblée générale du Syndicat Cavistes Professionnels (SCP) ne manquera pas de se pencher sur la concurrence croissante des sites de vente en ligne. Dernier bouc émissaire de ces interrogations, le site LesNouveauxCavistes.com devrait en prendre pour son grade. Si elle se limite au référencement de champagnes et spiritueux proposés par ses vendeurs partenaires, la plateforme symbolise les risques de dérive du commerce internet, pour ne pas dire d’ubérisation du métier. Dénonçant une « concurrence par le bas », un billet d’humeur du SCP s’inquiète d’une réduction de la diversité de l’offre et des services aux prix (« argument clairement négatif pour les cavistes »). Ne cachant pas son hostilité au site, le conseil d’administration du syndicat demande donc aux 5 700 cavistes de France « de réfléchir judicieusement aux sollicitations qui leur sont faites de la part des multiples places de marché et de veiller à ne pas se tirer inconsciemment une balle dans le genou ».
Cet appel à peine voilé au boycott s’appuie sur un échange épistolaire à fleurets mouchetés entre le SCP et le groupe Ricard, qui est à l’origine de la plateforme LesNouveauxCavistes.com (lancée fin 2016). Dans sa lettre de février, le caviste Yves Legrand, président du SCP, interpelle le groupe en estimant que ce service laisse « clairement à penser que vous voulez désormais faire le métier de vos clients, c’est-à-dire notre métier analyse le CA du SCP ».
Ce à quoi Philippe Savinel, PDG de la société Ricard (filiale du groupe Pernord-Ricard), rétorque en mars y voir « au contraire une véritable opportunité pour les cavistes de développer leurs ventes. Au demeurant, notre souhait sincère est de voir progresser significativement ce canal de distribution. » Réponse qui ne convainc pas le SCP. « Ce service complémentaire proposé aux cavistes repose sur la caution que de vrais cavistes pourraient apporter à l’ensemble, et qui profiterait finalement à d’autres distributeurs (sociétés de négoce, épiceries ou des sites internet qui n’ont rien à voir avec la profession) » regrette le syndicat.
À noter que ce n’est pas la première fois que le SCP s’attaque, dans les propos, à un opérateur du web. Il y avait eu avec la prise à partie de VentePrivée.com en 2014 (le déstockeur ayant alors été qualifié de « parasite […] irrespectueux des produits et des clientèles »).