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Comment parler phyto à ses riverains ?
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Informer sans inquiéter
Comment parler phyto à ses riverains ?

Que ce soit pour anticiper des questions ou répondre aux sollicitations, la communication aux voisins sur ses traitements est une source, compréhensible, d’appréhension. Tour d’horizon de retours de terrain pour oser le premier pas, afin de banaliser les échanges tout en désamorçant les craintes.
Par Alexandre Abellan Le 12 avril 2017
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Comment parler phyto à ses riverains ?
«

 Aller voir ses voisins, ça marche ! Après, ce n’est plus le même discours. Quand ils vous voient sur le tracteur, vous n’êtes plus le pollueur, ils s’arrêtent pour vous saluer » témoigne Pierre-Charles Dartier, l’exploitant du château Cailleteau-Bergeron (AOC Blaye Côte de Bordeaux). Cas d’école lors de la table ronde « viticulture et voisinage », organisée par la Chambre d'Agriculture de la Gironde, le vigneron est pourtant parti de loin en matière de relations avec ses riverains. En 2013, elles ont même tourné à l’exécrable, avec des échanges tendus, pour ne pas dire agressifs.

« On ne se rend pas toujours compte que l’on peut mal faire son travail depuis l’extérieur. C’est quand mon voisin est rentré dans ma parcelle que j’en ai pris conscience » explique Pierre-Charles Dartier. Ce qui l’a poussé à se remettre en question, à adapter son matériel de pulvérisation pour en réduire le bruit et la dérive. Une fois ces améliorations réalisées, il les a présentées à chacun de ses voisins et entretient depuis des relations cordiales.

Réunions d’information

Depuis l’incident de Villeneuve-de-Blaye en 2014, les questions fusent avec l’augmentation des inquiétudes et la mise en place par arrêtés de zone de non-traitement à proximité de sites sensibles. Pour anticiper, et éviter tout envenimement ou confrontations, les domaines doivent désormais sortir de leur zone de confort pour maîtriser leur communication. Permettant de toucher un maximum de voisins, l’organisation de réunions d’information fait ses preuves.

Mais « à la première réunion, ils arrivent tous avec des questions sur les phytosanitaires » prévient Mélanie Chenard, la directrice d’exploitation du lycée viticole de Libourne (Montagne Saint-Emilion). Pour éviter de se focaliser sur un sujet d’emblée excessivement anxiogène et technique, la technicienne a pris le parti de présenter plus généralement le métier de vigneron. Et ainsi aborder les traitements comme une partie d’une activité plus générale. « Ça libère la parole. C’est l’occasion pour chacun de s’exprimer et d’être rassurés. Ce qui permet de passer au final un moment de convivialité avec ses voisins » expliquer Mélanie Chenard. « Cela permet d’établir la confiance et d’avoir des relations saines avec eux » renchérit Mélanie Lou, responsable environnement du château Luchey-Halde (Pessac-Léognan). Et ils peuvent devenir des clients fidèles, pour ne pas dire des ambassadeurs glisse, pince-sans-rire, Pierre-Charles Dartier.

Prendre le temps

« Ces rencontres rassurent les riverains, mais aussi les viticulteurs ! » précise Hélène Larrieu, la directrice de l’Organisme de Défense et de Gestion du Médoc. « C’est positif pour la santé psychologique des producteurs. Ils voient qu’il n’y a pas que des ondes négatives, mais qu’il y a aussi des gens prêts à comprendre qu’il s’agit des obligations du métier. Quand on prend le temps de leur expliquer » conclut-elle.

Au-delà d’un investissement en temps et pédagogie, la communication sur ses pratiques viticoles débouche aussi sur de nouvelles pratiques. Comme l’utilisation d’un drapeau au château Luchey-Halde, annonçant, comme pour le bain à la plage, quand il faut passer son chemin. L’envoi de messages (mails ou textos) est également une solution, utilisée par Mélanie Chenard, qui enverra pour la prochaine campagne 13 messages d’alerte à ses 19 riverains*. « Chaque riverain est sensible. En allant les voir on récupère un nom, un numéro, un mail… On met en place du lien humain » témoigne Christophe Rousseau, chef de culture du château Fieuzal (Pessac Léognan).

Principe d’antériorité

Mais pour partir sur de bonnes bases avec ses voisines, mieux vaut ne pas jouer la surenchère d’agressivité. « Parfois, vous êtes tentés par l’argument du "j’étais là avant" » rapporte Bruno Coulon (CA 33). « Juridiquement, le principe d’antériorité n’est utilisable que si votre exploitation n’a pas bougé d’un iota entre-temps » prévient-il. Et d’ajouter que pour éviter tout conflit avec ses voisins, « avertir et aller au contact des voisins est très profitable. »

 

* : Pour bien connaître ses riverains dans le temps, une session de porte-à-porte ou de boîtage n’est d’ailleurs pas suffisante. Le suivi des déménagements et autres changements de voisinage impose de renouveler fréquemment ces opérations.

Que répondre à la question « quelles sont vos matières actives ? »

Interpellés par un spectateur sur ce sujet épineux, les intervenants ont tous des pratiques similaires. « On rassure en disant que l’on n’utilise pas de produits Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR) » témoigne Mélanie Lou. Si elle explique le principe de viticulture raisonnée et va jusqu’à donner les phrases de risque des produits (en précisant qu’elles concernent le salarié), elle se garde bien de plus en dire : « cela pousserait à faire des recherches et trouver des réponses qui inquiéteraient, sans filtre ».

Même son de cloche pour Pierre-Charles Dartier, qui communiquent au minimum sur ses traitements, pour lui : « le tout, c’est de traiter chez soi, pas chez le voisin ! » Il est cependant passé au cuivre/soufre à proximité des habitations (« la bouillie bordelaise parle à tous les jardiniers ») et essaie de retirer les CMR de son plan de traitement (« ce n’est pas si simple… »).

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