e n’est toujours pas réglé. « La rentrée est un sujet sur lequel nous allons devoir progresser d’ici peu. Mais jusqu’à présent nous n’avons pas pu car nous n’avons pas de données scientifiques suffisamment fiables», a reconnu Michel Gomez, le directeur de la sous-direction du travail et de la protection sociale au ministère de l’agriculture le 2 mars lors d’une conférence technique sur les EPI (Equipement de protection individuelle) au SIMA. Effectivement aujourd’hui pour certains produits phytosanitaires, la réglementation impose le port d’EPI pour les travailleurs qui interviennent dans les parcelles pour effectuer des travaux en vert par exemple, même au-delà du délai de rentrée. Inacceptable pour l’Association générale de la production viticole (AGPV) qui est monté au créneau l’an dernier. Pour elle, deux solutions : soit les produits sont assez sûrs pour que l’on puisse travailler dans les vignes sans protection spécifique après le délai de rentrée, soit il faut les interdire. Saisie du sujet, l’Anses a rendu son avis en juin dernier dans lequel elle n’a pas tranché. Lors de la conférence, La Vigne - Vitisphere a donc interrogé Olivier Briand, chargé de mission au ministère de l’agriculture sur ce point. Celui-ci a alors rappelé que dans le cadre de l’AMM si l’évaluation de l’Anses juge que l’exposition des travailleurs n’est pas négligeable, ils doivent porter des EPI.
Il a aussi précisé que dans le cadre de la réécriture de l’arrêté du 12 septembre 2006, il a été proposé dans le nouveau texte, d’étendre le délai de rentrée de 48 h à tous les produits CMR. « Et on discute de l’opportunité d’une rentrée anticipée sous réserve que les travailleurs soient équipés d’EPI préconisés pour manipuler les produits phytosanitaires », a-t-il ajouté.
Mais quid du port des EPI au-delà du délai de rentrée ? L’Anses a reconnu qu’elle manquait de données sur les niveaux de contaminations des travailleurs lorsqu’ils manipulent du feuillage traité. Elle va donc travailler à enrichir ses connaissances sur ce point. L’idée est de définir les phases les plus exposantes (comme le relevage par exemple) pour lesquelles le port d’EPI s’avérerait nécessaire.
Le constat est sans appel. 35 à 40 % des agriculteurs ne se protègent pas du tout lors de l’utilisation des produits phytosanitaires (enquête Anses/Irstea effectuée en 2013). Moins d’un sur cinq portent les EPI adaptés. Près de 90 % se contentent d’un vêtement de travail. Equipements inconfortables, trop cher car à usage unique, qui renvoient une image négative vis-à-vis du grand public, tels sont les principaux freins.
C’est ce qui a amené le ministère de l’agriculture à travailler sur l’élaboration de règles permettant la mise sur le marché d’EPI spécifique pour les agriculteurs et les viticulteurs et dédiés à la protection vis-à-vis des produits phytosanitaires. Deux textes sont ainsi parus en juillet 2016. Les fabricants se sont alors mis au travail. Et deux d’entre eux : Axe environnement et Cepovett proposent désormais sur le marché deux équipements de protection certifiés selon ces nouvelles règles. Un troisième : Ouvry propose aussi un équipement « certifié à dire d’experts ». Il est commercialisé par Axe environnement sous la marque Bodyshield.