Délai "rentrée" raccourci, port EPI imposé, travailleurs des vignes sacrifiés » clame une banderole plantée ce dimanche 4 décembre au milieu du rond-point du Pas du Soc. Investi par une dizaine de militants, le carrefour giratoire a été recouvert de slogans et de croix blanches pour témoigner de la mobilisation des associations girondines anti-phyto* contre le Comité de Réforme des Normes Agricoles (CORENA, créé en mars dernier).


« Si les travailleurs agricoles portent des EPI, le gouvernement veut réduire les délais de rentrée après traitement à six heures. C’est alarmant, il faudrait au contraire les rallonger ! » s’indigne Valérie Murat, porte-parole de l’association Alerte aux Toxiques (également connue pour son combat juridique contre l’arsénite de sodium). « Face aux produits Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques, la France refait les mêmes erreurs que par le passé. Le risque zéro exposition n’existe pas avec les phytos. Encore moins avec des EPI ! » dénonce-t-elle.
Comme le précisent les tracts distribués lors de la manifestation, ses arguments s’appuient sur la note de service de la DGAL de novembre 2001, qui interdit l’arsénite de soude (et pose sa dangerosité « en dépit des précautions qui sont prises lors de son application »), ainsi qu'une série d'études universitaires (notamment de la chercheuse Isabelle Baldi). Au terme de cette opération de sensibilisation, « le bilan est très positif, les personnes qui ont vu l’opération nous ont soutenus. Elles ont klaxonné, levé le pouce, fait le V de la victoire » se réjouit Valérie Murat.
* : Parmi ces associations, on trouve notamment l’association Alerte aux Toxiques, le Collectif Infos Médoc Pesticides, la Confédération Paysanne, ou la CGT de Pauillac.
« Les viticulteurs sont bien incapables de juger de la durée des délais de rentrée » reconnaît le viticulteur Bernard Farges, le président de la Confédération Nationale des Producteurs de Vin et Eaux-De-Vie de Vin AOC (CNAOC). « C’est un outil pragmatique qui reste pertinent et adapté à la viticulture. Mais si les produits sont dangereux au-delà, alors il faut simplement les interdire » juge-t-il.
Comme les associations anti-phytos, l’élu confirme de nouveau son opposition au port des EPI au-delà des délais de rentrée, il demande quant à lui à être reçu par le ministère de l’Agriculture pour clarifier le sujet, qui traîne depuis une bonne année. « La réglementation protège aujourd’hui les firmes. Il faut interdire toutes les Autorisations de Mise sur le Marché qui indiquent le port d’EPI après les délais de rentrée. Et que l’on ne nous dise pas que les EPI portables seront bientôt sur le marché. Ils n’existent pas ! »