Arsénite de sodium et homicide involontaire
La plainte contre X de Valérie Murat classée sans suite

Se portant partie civile afin de lancer une information judiciaire, l’activiste anti-phyto veut affirmer le lien entre le cancer mortel de son père vigneron et l’exposition à l’arsénite de sodium.
Première « plainte contre X pour homicide involontaire causé par une exposition viticole aux pesticides », la procédure ouverte par Valérie Murat au pôle de Santé Publique du Tribunal de Grande Instance de Paris a été classée sans suite ce 25 mai. « Les arguments invoqués par le Parquet démontrent ses carences médicales » réagit Valérie Murat, devenue un symbole des militants anti-phyto avec son combat pour connaître les responsabilités à l’origine du cancer mortel de son père, James Bernard Murat*. « Le principal argument est le manque de le lien de causalité entre l'exposition à l'arsénite de sodium et le développement d'un cancer pulmonaire. Cet avis repose sur des erreurs d'ordre médical » précise son avocat, maître François Lafforgue.
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« Selon le Parquet, l’histologie ne permet pas de déterminer l’origine du cancer de mon père. Mais cet examen est justement fait pour déterminer le type de cancer, pas son origine. C’est du niveau de première année de médecine » critique Valérie Murat. Restant persuadée que l'arsénite de sodium est un facteur aggravant, elle s’appuie sur la reconnaissance de la MSA et un certificat médical établissant l’origine professionnelle du cancer de son père, suite à l’exposition pendant 42 ans à l’arsénite de sodium. Ainsi que sur les éléments concernant des erreurs d’étiquetage des firmes phytosanitaires (cliquer ici pour en savoir plus).
Pour obtenir l'ouverture d'une information judiciaire, Valérie Murat va se constituer partie civile dans la semaine, en déposant une nouvelle plainte (cette fois au doyen des juges d'instruction). A noter que le classement sans suite par le parquet parisien de cette plainte au pénal aura une conséquence sur l’action au civil que Valérie Murat mène au tribunal de Bordeaux. La Commission d'Indemnisation des Victimes d’Infractions a en effet suspendu sa procédure sur le statut de victime de James Bernard Murat aux éléments du dossier parisien. Ce front judiciaire devrait également évoluer.
* : Vigneron dans l’Entre-deux-Mers, il est décédé en 2012 d’un cancer reconnu, par la MSA et un médecin, en lien avec l’utilisation professionnelle d’arsénite de sodium.