ifférentes expérimentations ont été menées de 2013 à 2015 sur les huiles essentielles, dans le cadre de la recherche d'alternatives au cuivre , ou tout au moins pour en diminuer les doses. Plusieurs organismes y ont participé : IFV, chambre d'agriculture, Grab et Adabio. Leurs résultats ont fait l'objet d'une présentation lors du salon Vinitech 2016.
La première a été réalisée sur des disques foliaires, en laboratoire, pendant trois ans. Les huiles essentielles, eucalyptus, girofle, thym et origan, appliquées en mélange avec des spores de mildiou et un adjuvant, montrent une bonne efficacité, les modalités traitées étant nettement moins attaquées que le témoin.
Lorsqu'elles sont appliquées en « préventif » cette fois, avec une inoculation plusieurs heures après du mildiou, les huiles montrent là-encore une assez bonne efficacité mais uniquement lorsque le délai entre leur application et l'inoculation est court, de 6 heures maximum. Au-delà, elle diminue rapidement. « Plus on avance dans le temps, moins les huiles essentielles sont efficaces, peut-être parce qu'elles se dégradent, ou parce qu'elles sont volatiles », a commenté Nicolas Aveline, de l'IFV.
La seconde expérimentation a été conduite sur plants de vignes en pots sous ombrière. Le mildiou a été inoculé 4 jours après l'application des huiles, concentrées à 0,2%, auxquelles on a ajouté un adjuvant. Parmi les différentes huiles testées, toutes fonctionnent. « Les huiles essentielles possèdent des propriétés fongiques intéressantes, les résultats sont encourageants », en conclut l'ingénieur.


La dernière expérimentation a consisté à réaliser des essais cette fois au vignoble. En 2014 et 2015, les huiles concentrées à 0,2% ont été associées à du cuivre à faible dose (100g/ha Cu métal) et un adjuvant. Ces solutions ont été comparées à une modalité composée de cuivre seul à dose réduite et à une autre à dose pleine (400g/ha). La meilleure efficacité est obtenue avec la dose pleine de cuivre. Les mélanges huiles essentielles- cuivre réduit et le cuivre seul à dose réduite donnent tous de bonnes efficacités, mais la différence entre les deux types de solutions n'est pas significative : «L'apport des huiles essentielles n'est donc pas démontré, le cuivre à dose réduite permet déjà une bonne protection », explique l'ingénieur. Ces résultats ont par ailleurs été obtenus avec des pressions très inégales selon les sites, avec des infestations naturelles ou artificielles : « cela a pu jouer sur les résultats », précise Nicolas Aveline.
Des quatre huiles testées lors des trois expérimentations, le thym et l'origan semblent sinon les plus « intéressantes ».
Les prochaines recherches s'attacheront à étudier de plus près ces substances d'un point de vue chimique, ce qui permettra de mieux comprendre d'où viennent les variations d'efficacité. Des tests de formulations chimiques devront aussi être effectués afin de mieux les protéger et les solubiliser.