uvrant le livre Les Rancios secs du Roussillon, vins oxydatifs fleurons de la viticulture catalane (éditions Trabucaire), la tribune du vigneron Alain Pottier sert moins d’introduction à l’ouvrage qu’au poème que le même auteur déploie quelques pages plus tard. On ne peut plus inspiré par ces « vins résistants [qui] font crânement front aux préjugés comme aux étroites cases d’une oenologie moderne », le directeur de l’ouvrage déploie sa passion en une quarantaine de vers résolument libres.
En voici un extrait :
« Comme une pierre ronde
où l’Histoire cherche encore
à se donner des racines
là où la durée du Temps
donne son nom
à un vin perpétuel
la saveur est un argument
en faveur d’un moment exquis
[…]
Boire avec une croyance
saluer les anciens
d’avoir vécu avant nous
nous attendre
et nous donner l’acte de poursuivre »
Pour ce qui est de définir les vins de rancio secs, le vigneron Benoît Danjou rappelle qu’ils sont réalisés à partir de raisins surmuris, qui vont au bout de leur fermentation alcoolique avant d’être conservés dans des conditions atypiques. Soit « un élevage oxydatif faisant intervenir des chocs thermiques […] dans des contenants divers : barriques, tonneaux, foudres, bonbonnes, dames-jeanne, amphores, cuves… » énumère le président de l’association Be Ranci !