a contradiction est bien connue. L’apprentissage « est une voie de formation dont on parle beaucoup pour ses avantages à l’embauche. Mais dont la France n’arrive pas à combler son retard par rapport à d’autres pays » pose d’emblée Bertrand Collard, le rédacteur en chef de la Vigne, lors de la conférence Dionysud dédié à l’alternance. Ce n’est pourtant pas faute d’offre ou de demandes, mais d’une inadéquation aussi persistante que variable. « Cela va dans les deux sens, des fois on manque d’entreprises, des fois on manque de jeunes » précise Francisco Picasso, CFA de l’Hérault (lycée agricole de de Montpellier).
Ayant ouvert en 2013 une formation au Diplôme National d’œnologue intégralement en alternance*, l’université de Toulouse a ainsi reçu une centaine de candidatures pour 18 places ouvertes (soit. Alors que la licence sur le commerce et la vente des vins par apprentissage du CFA languedocien. « Nous avons plus d’offres de formation que de candidatures, ce qui est malheureux » soupire Arnaud Pastourie, le chargé de développement de l’Institut de Formation Régional des Industries Alimentaires (IFRIA Languedoc-Roussillon).
Le principal paradoxe dont souffre l’alternance dans le vignoble reste son image de formation de repli. Qui lui colle à la peau par rapport à des cursus classiques au prestige plus élitiste. Ce qui est loin d’être aussi simple. Passant plus de temps en entreprise qu’en formation à proprement parler, l’apprenti doit concilier travail opérationnel et études universitaires. Pour le DNœ de Toulouse, les apprentis ne suivent ainsi que 70 % des enseignements classiques, et doivent compléter le solde de formation par des études de cas et autres devoirs, en supplément de leur travail en entreprise.


« La charge de travail est plus importante en alternance qu’en formation classique » confirme l’œnologue Manon Mouly, jeune diplômée employée à la cave coopérative de Cuxac d’Aude (groupe Vinadeis). « Mais c’est largement surmontable. On peut anticiper. Les vendanges arrivent toujours à la même époque, ce n'est pas une surprise » rassure-t-elle. Et surtout, « ce découpage aboutit aux mêmes compétences que le DNœ classique » précise Patricia Taillander, la directrice de la formation toulousaine. A la différence près que les résultats d’insertion sont plus attractifs. Sur les deux premières promotions du DNœ en alternance, 75 % des élèves sont en CDI et 21 % en CDD (pour 4 % à l’étranger). « L’alternance permet un accès plus rapide à des postes à responsabilité. Sortis depuis un an, de nombreux apprentis sont déjà directeurs techniques ou responsables d’exploitation » ajoute Patricia Taillander. La preuve avec Manon Mouly, qui a reçu sa proposition de CDI avant le quatrième semestre de sa formation.
* : D’autres facultés proposent des DNœ en alternance, mais seulement sur la deuxième année de formation.
A noter une particularité, le statut de l’apprenti : « vous n’êtes pas stagiaire, vous être un salarié » martèle Arnaud Pastourie. Ne réglant aucun frais de formation, l’apprenti perçoit ainsi un salaire. En ajoutant l’inscription universitaire, l’embauche d’un apprenti représente une charge de 15 000 euros par an pour l’employeur estime Patricia Taillander (variable selon les aides régionales). Coût auquel s’ajoute l’encadrement pédagogique d’un tuteur/employeur.