menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Gens du vin / Quand la Chine, et l’Asie, volent au secours de l’Australie
Quand la Chine, et l’Asie, volent au secours de l’Australie
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Echanges Asie-Pacifique
Quand la Chine, et l’Asie, volent au secours de l’Australie

S’il est un pays qui illustre bien les vicissitudes du secteur vitivinicole - et les dangers d’une approche peu réglementée - c’est bien l’Australie. Fort heureusement pour ses producteurs, elle commence de nouveau à voir la lumière au bout du tunnel…
Par Sharon Nagel Le 07 novembre 2016
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Quand la Chine, et l’Asie, volent au secours de l’Australie
Les nuages au-dessus du vignoble australien commencent à se dissiper - crédit photo : AWRI
O

u l’aube rouge, selon le terme employé par la Rabobank dans son dernier rapport trimestriel. Rouge, comme la couleur porte-bonheur des Chinois, car c’est en grande partie grâce à eux que le secteur vitivinicole australien rebondit. Mais pas seulement. Ce retour à la croissance, les Australiens le doivent aussi à des vagues d’arrachages et, de façon un peu plus fortuite, à un dollar australien qui s’affaiblit. La météorologie est également de la partie, car après une période de sécheresse accrue jusqu’en 2010-2011, les précipitations sont revenues, facilitant l’accès à l’irrigation et améliorant ainsi la rentabilité des producteurs. Ces différents facteurs se traduisent par une hausse des prix des raisins, notamment les cépages rouges implantés dans les zones plutôt qualitatives.  

Plusieurs vagues d’arrachages

Les efforts consentis par les producteurs australiens, surtout la réduction des superficies, commencent à porter leurs fruits. Après avoir touché le creux de la vague, le secteur aurait arraché environ 5% de ses superficies entre 2010 et 2011, puis de nouveau 9% entre 2012 et 2015, sachant que des incitations gouvernementales pour céder des permis d’utilisation d’eau avaient entraîné des arrachages auparavant. « En 2012, la production moyenne triennale australienne de raisins de cuve est tombée à son niveau le plus bas depuis près de dix ans et des signaux indiquant de faibles disponibilités commençaient à se manifester dans certaines régions et pour certains cépages », note la banque néerlandaise dans son analyse de la filière australienne, publiée fin octobre. Néanmoins, malgré les arrachages, la production a atteint cette année son niveau le plus haut depuis 2008 (1,81 million de tonnes) avec une augmentation de 6 % par rapport à 2015. C’est donc bien la forte demande provenant de la Chine et de Hong Kong qui permet aux professionnels australiens de tirer leur épingle du jeu. Devenue le premier marché export de l’Australie devant les Etats-Unis, la Chine a augmenté de 41% ses achats de vins tranquilles australiens conditionnés au cours du premier semestre 2016, un taux de progression supérieur à celui des importations globales de vins tranquilles en bouteilles (+24,1%).  

L’évolution des prix suit celle du marché chinois

Pour mesurer l’impact de la Chine/Hong Kong sur la reprise de la filière australienne, la Rabobank a analysé le prix des raisins de cuve. « Depuis 2011, le prix des raisins rouges de cuve – notamment ceux des zones fraîches/tempérées – a évolué en fonction des performances du marché chinois durant l’année précédant la récolte. Ainsi, la pause dans la croissance du marché chinois en 2013 et 2014 a pesé sur le marché australien des raisins de cuve en 2014 et 2015 tandis que la reprise des importations chinoises de vins en 2015 a permis aux prix des raisins de cuve de renouer avec la croissance en 2016 ». Notons que dans le même temps, le phénomène de premiumisation constaté, non seulement sur les grands marchés export mais aussi à l’intérieur même de l’Australie, a contribué à la reprise de la filière australienne, mais dans une bien moindre mesure que la Chine.

Gros investissement chinois dans le vignoble australien

L’intérêt de celle-ci pour l’Australie s’est manifesté récemment dans le rachat de trois vignobles australiens par la société chinoise Weilong Grape Wine Company. Selon la société de courtage Ciatti, cette dernière a racheté au total 1 235 hectares de terres à vignes – dont 484 ha déjà plantés – dans les états de Victoria et de Nouvelle-Galles du Sud pour un investissement total estimé à AUD 13,4 millions (soit environ 9,3 millions d’euros). Ces vignobles sont destinés à alimenter une nouvelle winery à Mildura dont la capacité totale sera de 60 000 tonnes de raisins. Les vins seront expédiés vers le marché chinois. Dans le même temps, note la Rabobank, l’un des plus grands vignobles australiens situés dans le nord-ouest de Victoria vient d’être vendu pour faire place à des amandiers. « Cette transaction représente la perte d’environ 8% de la superficie du vignoble situé dans la région chaude intérieure ». Ces deux évolutions ont amené les wineries existantes à se bousculer pour assurer leurs approvisionnements, entraînant une hausse des prix des raisins et des améliorations au niveau des conditions contractuelles. Plus globalement, la Rabobank observe que la nouvelle donne en matière d’offre amène les entreprises de production à revoir leur stratégie d’approvisionnement ; les acquisitions de vignes se multiplient, alors que les nouvelles plantations demeurent limitées.

Eliminer les obstacles au commerce dans la zone d’Asie-Pacifique

Ces différents facteurs incitent la Rabobank à évoquer des « conditions généralement favorables à l’amélioration continue du prix des raisins de cuve australiens à court terme », sachant que cette amélioration ne sera pas répartie équitablement entre tous les acteurs et toutes les régions. Néanmoins, à la fois le secteur vitivinicole et les autorités semblent déterminés à profiter au maximum des opportunités offertes plus généralement par l’Asie et les 25 destinations asiatiques vers lesquelles les vins australiens sont exportés. Début octobre, de hauts responsables des différents Etats d’Asie-Pacifique et des professionnels vitivinicoles issus de 14 pays* se sont rencontrés à Ottawa au Canada pour tenter d’harmoniser et de rationaliser la réglementation afférente aux importations-exportations de vins, afin de favoriser les échanges et réduire les coûts. Parmi les avancées obtenues au sein du « Wine Regulatory Forum » ou Forum sur la réglementation pour les vins créé en 2008, citons l’harmonisation des limites maximales de résidus de pesticides sur les raisins de cuve ; l’amélioration de l’efficacité des analyses en laboratoire ; et l’acceptation d’un certificat cadre pour l’exportation de vins dans tout pays de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique qui l’exige. Pour rappel, les échanges vitivinicoles entre les 21 pays membres de l’APEC ont progressé de 52% entre 2006 et 2015 tandis que la consommation y a augmenté de 32%.

Une marque unique pour mieux pénétrer le marché chinois ?

Toujours en octobre, la mise à jour de l’accord de libre-échange entre l’Australie et Singapour a été discutée. Des mesures pour faciliter le commerce du vin avec la cité-Etat, où la consommation de vin devrait passer de 2,5 à 3 litres par habitant et par an entre 2015 et 2020 selon Euromonitor, font partie des discussions. Quand on voit l’impact de l’accord de libre-échange entre l’Australie et la Chine sur les importations de vins australiens par cette dernière, on mesure toute l’importance de ce type de pacte commercial, à la fois pour l’Australie et pour ses concurrents. Enfin, toujours pour faciliter la pénétration des produits australiens en Chine, il est actuellement question de mettre au point une marque et un logo communs à tous les produits agroalimentaires australiens, dont les vins, pour les rendre plus facilement repérables par les consommateurs chinois. D’après la presse australienne, cette proposition émanant du magnat de l’industrie minière et de l’agriculture, Andrew Forrest, pourrait rappeler le slogan néo-zélandais « 100% Pure New Zealand », faisant allusion à la fois à l’origine et à la politique environnementale du pays. La traçabilité et la sécurité alimentaire si chères aux consommateurs chinois s’en trouveraient ainsi mises en évidence.

*Australie, Canada, Chili, Chine, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Philippines, Russie, Thaïlande, Etats-Unis et Vietnam

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Dordogne / Gironde / Lot-et-Garonne ... - CDI DE CORGNOL & AGNES
Bouches-du-Rhône - CDI Château de Calavon
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Gens du vin
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé