Sauvons la tulipe sauvage ». Sur la plate-forme de financement participatif Ulule, l’appel a été lancé en septembre par le Conservatoire des espaces naturels des Pays de la Loire. Objectif : récolter 5 200 € pour aider à l’achat d’une parcelle de 2,4 ha à Saint-Aubin de Luigné dans le Maine-et-Loire, au cÅ“ur du vignoble d’Anjou, où plusieurs milliers de bulbes de la précieuse fleur ont été comptabilisés. En quelques semaines, le retour a été à la hauteur : plus de 6 200 € engrangés. Au global, l’association avait besoin de quelque 15 000 € ; la différence a été apportée par des mécènes.
Jusque-là , il s’agissait de simples terres exploitées par un éleveur. Des terres classées en appellation coteaux du layon à Saint-Aubin de Luigné, mais vierges de tout pied de vigne. À l’heure de la retraite, l’agriculteur a souhaité vendre ses parcelles à des vignerons voisins, mais la présence de la tulipe sauvage a freiné les ardeurs de plantations des viticulteurs, car le CPIE Loire Anjou (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) avait identifié les lieux comme l’une des plus belles réserves de bulbes de la plante dans tout l’ouest de la France. La plante bénéficie d’un plan de conservation national piloté par le Conservatoire botanique national de Brest.
Sont alors entrées dans la boucle, la Fédération viticole de l’Anjou, la Chambre d’agriculture, la Safer, la Dreal… Avec une volonté commune de protéger ce terroir à tulipes, mais aussi de ne pas freiner le développement des vignerons. Ces parcelles en coteau ont fait l’objet d’un passage par la Safer, qui au final, en a cédé une partie à un vigneron, à la condition qu’une autre partie – la plus basse du coteau – soit acquise par le Conservatoire d’espaces naturels des Pays-de-la-Loire pour protéger et favoriser le développement de la tulipe.
En poursuivant les recherches sur les autres parcelles de l’éleveur, d’autres bulbes ont été répertoriés. Avec une découverte intéressante. Là où l’agriculteur travaillait son sol, les tulipes se développaient et fleurissaient plus que dans les parcelles en prairies. Deux autres viticulteurs intéressés pour reprendre des parcelles restantes pourront donc – lorsque la vente sera définitivement actée – les exploiter, à condition d’appliquer un travail du sol cohérent avec le développement des fleurs. Au mois de mars, ils verront donc fleurir au milieu de leurs vignes, de jolies fleurs jaunes.