On va vers de l’absurde. Si cet arrêté entre en application, ce serait une catastrophe pour l’agriculture gardoise ». Fabrice Verdier, conseiller régional et député du Gard, tout comme ses autres collègues parlementaires, a dû se rendre à l’évidence. Le projet d’arrêté concernant les zones de traitements phytosanitaires en agriculture risque d’avoir de graves conséquences sur l’économie agricole de son département. La démonstration en a été faite ce vendredi 7 octobre à Collorgues, où les parlementaires gardois avaient été conviés par la FDSEA et le CDJA du Gard à venir voir concrètement l’incidence de ces nouvelles dispositions. Anaïs Amalric, coprésidente des Jeunes Agriculteurs du Gard avait balisé, sur une de ses parcelles, la surface sur laquelle elle aurait l’autorisation de traiter. « Sur 1,45 ha, je ne pourrai protéger que 5 ares. Ma parcelle est bordée d’un côté par un cours d’eau, de l’autre par un fossé, sur le troisième côté, il y a des habitations avec un fossé et à l’autre extrémité des bosquets et forêts. Dans les cas extrêmes, c’est une bande de 50 m qu’il faut laisser sans traitement, ce qui correspond à 20 rangées de vigne. Ce n’est pas applicable », peste-t-elle. Le texte à l’étude prévoit en effet une augmentation des zones non traitées (ZNT) « Eau » et l’instauration de ZNT « adjacentes », en bordure des haies, bosquets et forêts. Une ZNT de 5 à 20 mètres serait également mise en place le long des habitations.
Jean-Louis Portal, président de la FDSEA du Gard est tout aussi remonté. « Cet arrêté réduirait de façon dramatique nos surfaces à traiter et à produire. Mais nos taxes sur le foncier non bâti, elles, ne vont pas être réduites. Et ça va compliquer nos déclarations Télépac. C’est une couche de plus dans un millefeuille qui devient indigeste », s’emporte-t-il. Le syndicaliste a également déploré que le gouvernement n’ait pas la patience d’attendre les résultats des changements de pratiques des agriculteurs. « On nous a demandé de faire beaucoup d’efforts pour la protection de l’environnement. Nous l’avons fait mais il faut un peu de temps pour voir l’incidence de ces changements ».


Le nouveau texte prévoit aussi la modification des modalités de calcul de la vitesse du vent pour les traitements. Actuellement les agriculteurs utilisent l’échelle de Beaufort qui est basée sur un contrôle visuel et donc sur le bon sens paysan. Avec le nouveau décret les agriculteurs devraient mesurer la vitesse du vent avant chaque traitement sur une moyenne de 10 minutes et celle-ci ne pourra pas dépasser 19 km/h. « C’est inapplicable, dénoncent-ils. Qui plus est, les viticulteurs savent bien qu’ils n’ont aucun intérêt à traiter quand il y a du vent, car c’est de l’argent jeté par la fenêtre ».
Les parlementaires présents se sont engagés à faire remonter les inquiétudes de la profession. Sans pour autant avoir grand espoir d’obtenir gain de cause. « L’arrêté est du seul ressort des Ministres. Les parlementaires ont très peu de poids sur ce type de décision », a précisé Fabrice Verdier.