yant comparé les notes de dégustation de 74 148 vins californiens des chercheurs constatent qu’une certification environnementale se traduit par une amélioration statistiquement significative des notes décernées. « Une hausse de quatre points en moyenne, ça représente une différence notable. Plus grande que l’écart-type entre deux publications » souligne le site néo-zélandais Wine Searcher, qui a relevé l’enquête.
A noter que les vins certifiés en bio ou biodynamie représentent 1,1 % de l’échantillon étudié (quand 2 % vignoble californien est sous certification).
Intitulée « Est-ce qu’un vin bio goûte meilleur ? Une analyse des notes d’expert », cette étude américaine* pose d’emblée que le sujet ne saurait faire consensus. Mais elle s’appuie avec certitude sur sa base de données pour appuyer sa conclusion : « l’adoption d’une certification environnementale a des effets statistiquement significatifs et positifs sur les notes des vins » (+0,46 point en moyenne, pour une note sur 100). Il faut dire que les résultats compilent les notes de 74 148 vins des millésimes 1998 à 2009, parues dans trois revues américaines de référence : Wine Advocate, Wine Enthusiast et Wine Spectator. Pour les trois revues, qui disent pratiquer les dégustations à l’aveugle, on retrouve les mêmes écarts, significatifs, d'appréciation sensorielle entre les vins certifiés et ceux conventionnels.
Pour compléter l’étude, les chercheurs sont allés jusqu’à passer au peigne fin les commentaires associés à certaines de ces notes (soit 61 115 critiques), y comptant le nombre de mots à caractères positifs. Il ressort que « les certifications environnementales augmentent significativement le nombre de mots positifs, mais n’a pas d’impact significatif sur ceux négatifs » estime l’étude.
Semblant particulièrement assurés dans leurs conclusions, les chercheurs reconnaissent certaines limites à leur expérimentation. Comme le fait de n’avoir traité que de la Californie. Ou d’utiliser les notes de dégustateurs professionnels, qui pourraient ne pas être représentatifs des consommateurs. Ou ne pas avoir de certitudes précises sur le niveau de connaissance des vins lors des dégustations (les trois supports étudiés revendiquent une méthode à l’aveugle, mais avec des cas particuliers : dégustations à la barrique, évènements spéciaux…).
Cependant, les chercheurs restent persuadés que « notre recherche a d’importantes conséquences. Une distinction dans le haut de gamme est essentielle pour qu’une filière certifiée dure. » Reste à voir les effets réelles de cette étude. Interrogé par le site WineSearcher, le vigneron Aron Weinkauf (Spottswoode Winery, certifiée bio en Napa Valley) juge que cette étude n’aura pas un grand impact : « il y a de nombreux de vins conventionnels notés 100 sur 100… »
Ces résultats peuvent cependant rassurer les consommateurs pour qui les vins bio gardent une mauvaise réputation qualitative. L’étude précise que, contrairement aux autres produits agroalimentaires, la consommation de vins en bio ou biodynamie n’est pas associée à de meilleures qualités organoleptiques pour les amateurs de vins (notamment ceux n’en ayant jamais goûtés).
* : Ses trois auteurs sont les professeurs Magali Delmas et Jinghui Lim de l’Université de Los Angeles (UCLA), et Olivier Gergaud de Kedge Business School (Bordeaux).