S’il faut avoir en tête que la marge d’erreur d’un échantillon de 400 répondants est de 2 à 5 points*, on peut lire des tendances significatives et représentatives » pose d’emblée Frédéric Micheau, le directeur des études d'opinion Opinion Way, en présentant ce 23 juin le troisième baromètre Vinitech-Sifel sur les intentions d’investissement de la filière viticole française. Ces précautions prises, l’étude esquisse une « tendance positive. Les investissements réalisés en 2014-2016 sont supérieurs à ceux annoncés il y a deux ans. Et on sent que les intentions d’investissement sont non seulement maintenues, mais en développement » se félicite Delphine Demade, la directrice du salon Vinitech-Sifel
D’après le baromètre Vinitech-Sifel, 79 % des viticulteurs interrogés prévoyaient en 2014 de réaliser des investissements sur les deux prochaines années. Selon les résultats mesurés en 2016, ils ont finalement été 90 % à investir dans leur outil de production. De même pour les 50 caves coopératives sondées, par rapport à un taux d’investissement annoncé à 86 % il y a deux ans, le taux réalisé est de 90 % sur la période. Ce qui laisse augurer d’un maintien des investissements, les viticulteurs sondés en 2016 projetant à 77 % un investissement sur la période 2016-2018 (46 % dans le matériel viticole, 30 % dans celui vinicole). Pour les caves coopératives, cette intention est de 86 % (72 % pour les équipements de vinification, 22 % pour le conditionnement).
« A chaque fois les intentions annoncées sont inférieures aux investissements réellement réalisés. Le passé n’est pas prédictif du futur, mais il étaie a minima les perspectives d’investissement » explique Frédéric Micheau.
En terme de valeur, les viticulteurs auraient dédié 23 % de leur chiffre d’affaires dans des investissements. Les premiers postes concernés sont de loin le renouvellement du matériel existant (47 % des répondants) et l’achat de nouvelles machines (41 %). Suivis par les actions de marketing et de communication (36 %), les recrutements et suivis de formations (31 %), le développement foncier (24 %) et la force de vente à l’export (17 %).
En terme d’orientations stratégiques, les viticulteurs pensent d’abord à une mise aux normes (79 % des répondants l’ont réalisé ou y sont engagés). Mais on note une forte hausse de l’intérêt pour la conversion partielle ou totale des exploitations à la viticulture biologique : 27 % des viticulteurs s’y investissent. Soit le double de la proportion d’il y a deux ans.
A noter que pour 46 % des exploitants viticoles sondés, les investissements restent faibles, à moins de 50 000 euros.
Pour les caves coopératives, 13 % du chiffre d’affaires aurait été attribué aux investissements. Comme pour les viticulteurs, le premier poste de dépense est le renouvellement du matériel (80 %), suivi par l’acquisition de nouveaux outils (62 %), les recrutements/suivis de formation (46 %), les actions marketing/communication (41 %), la force de vente export (26 %) et la croissance foncière (8 %).
En terme de cap stratégique, les caves coopératives affichent la volonté de développer leur activité export (48 %), en consolidant leur équipe commerciale (20 %), en faisant appel à un réseau d’importateurs (16 %), en créant une nouvelle marque (14 %)… Mais pas en rachetant d’autres entreprises (2 % seulement le prévoient).
A noter que 34 % des caves coopératives sondées ont alloué plus de 200 000 euros à leurs investissements en 2014-2016.
S’appuyant uniquement sur les déclarations brutes des sondés, ces tendances sont à nuancer par l'effet des aides européennes à l’investissement. En l’état, le baromètre ne s’attarde ni sur l’impact passé de ces subventions (s'élevant à 165 millions d’euros, l’enveloppe d’aide à l’investissement pour 2016 a été consommée dès le premier jour, sans liste d’attente), ni sur les effets de leurs modifications annoncées (le conseil spécialisé vin de FranceAgriMer devrait intégrer des critères de sélection pour l’enveloppe de l’an prochain).
* : Présenté comme représentatif du vignoble français, l’échantillon interviewé cette fin de printemps se compose de 353 domaines viticoles (dont 271 ayant une activité de vinification) et de 50 caves coopératives (via leurs directeurs).
Prélude au salon Vinitech, le rendu de ce baromètre annonce un environnement propice aux investissements. Une prévision confirmée par le ressenti des industriels qui exposeront au parc des expositions de Bordeaux : « 80 % surfaces ont déjà été commercialisées. C’est du jamais vu ! » confie Delphine Demade.
Le salon Vinitech Sifel se tiendra du 29 novembre au premier décembre 2016.