’aucuns ont oublié depuis belle lurette cette affaire, mais l’affront des critiques est resté suffisamment vif à Saint-Emilion pour qu’elle ne soit pas abandonnée. Ce 9 juin à 13h30 s’ouvre à la dix-septième chambre du tribunal de Grande Instance de Paris le procès du livre Vino Business. Publié en mars 2014, l’essai a été immédiatement poursuivi pour diffamation publique par Hubert de Boüard de Laforest, le copropriétaire du château Angélus (premier grand cru classé A de Saint-Emilion). Une plainte lancée à l’encontre de l’auteure de Vino Business, Isabelle Saporta, et de son éditeur, Albin Michel, pour des accusations jugées infondées sur le classement des grands crus de Saint-Emilion révisé en 2012 (comme le résumait en mars 2014 le cabinet Havas Worldwide). Ne souhaitant plus commenter cette procédure, Hubert de Boüard élude, sans en démordre : « je ne crains rien de ce procès. C’est moi qui ai été insulté ! »


Se disant également sereine, Isabelle Saporta maintient de son côté tout ce qu’elle a écrit : « il n’y a pas une information que j’enlèverai aujourd’hui ! J’ai toutes les preuves sur les présences de Hubert de Boüard à des réunions cruciales, sur sa qualité de consultant pour des châteaux classés… Et la plus-value de son foncier est connue de tous » assure-t-elle. Après les premiers échanges d’offres de preuves, la journaliste passera à la barre la semaine prochaine. Elle appellera pour sa défense trois témoins : deux propriétaires de châteaux déclassés (Hubert Boidron de Corbin-Michotte et Pierre Carle de Croque-Michotte, qui ont fait appel du maintien du classement de Saint-Emilion) et le blogueur Jacques Berthomeau (ancien Directeur de cabinet du Ministre de l’Agriculture).
« Je ne comprends pas qu’Hubert de Boüard dise que je nuis au classement, et qu’il remette une pièce dans le juke-box pour raviver la polémique » glisse Isabelle Saporta. Il s’agit pour elle de son deuxième procès pour le livre Vino Business. Le premier l’opposait au négociant Patrick Baseden, débouté en octobre 2014.