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L’état des vignes, trois semaines après le gel
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Tour de France
L’état des vignes, trois semaines après le gel

Trois semaines se sont écoulées depuis la vague de gel. Tournée dans toute la France des conséquences sur la vigne. Selon les régions, la végétation repart ou pas.
Par AA, JC, MI Le 23 mai 2016
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L’état des vignes, trois semaines après le gel
Le développement actuel des vignes en Bourgogne varie considérablement selon les secteurs, les parcelles et les pieds - crédit photo : J Cassagnes
V
al de Loire : situation très critique
Le dernier bilan de la Fédération des associations viticoles de Touraine et de la Sarthe, daté du 2 mai, ne laisse que peu de doutes quant à une baisse très substantielle de la récolte dans les appellations de son territoire : l’Indre-et-Loire a perdu la moitié de son potentiel de récolte, soit environ 200 000 hl. Les pertes de récoltes sont estimées :
 
-        en Touraine-Noble-Joué à 85 % ;
 
-        en Bourgueil, Montlouis-sur-Loire, Saint-Nicolas-de-Bourgueil et Touraine-Azay-le-Rideau entre 60 et 80 % ;
 
-        en Chinon, Coteaux-du-Loir et Jasnières à 50 % ;
 
-        en Touraine, Touraine-Amboise et Vouvray à 20 %.
 
La situation est catastrophique car les températures restant fraîches, la végétation ne repart pas. « Nous avons même connu des températures négatives le 15 mai », se désespère Guillaume Lapaque.
 
Le constat est à peu près identique dans les vignobles du Centre-Loire : pas de signes de reprise des contre-bourgeons. Le dernier bilan de l’interprofession indique que Menetou-Salon et Coteaux-du-Giennois sont touchées dans leur quasi-totalité. En Pouilly-sur-Loire, la situation est très hétérogène avec des dégâts variant entre 20 % et 90 % suivant les parcelles. Quincy a sauvé une partie de sa récolte grâce aux tours antigel et Reuilly n’a souffert que dans sa partie Est. Enfin, Sancerre est moins touchée que les autres appellations du Centre (avec néanmoins quelques points très durement atteints). Chateaumeillant a été épargné.
Champagne : la Côte des Bar a dégusté 

Les dernières estimations font état d’environ 8 000 hectares touchés par le gel. Sur 14 % de l’ensemble du vignoble champenois, les bourgeons sont complètement détruits, soit 4 500 hectares. La Côte des Bar est la zone la plus durement atteinte. Dans le Bar-sur-Aubois et la Haute-Marne, 1 400 ha sont détruits, soit 59 % du secteur. Le Barséquanais compte 2 615 ha détruits, soit 48 % du secteur. Enfin, dans l’Aisne et la Seine-et-Marne, 300 ha ont gelé, soit 12 % des surfaces de la zone.

Bourgogne : très durement touchée

Côte-d'Or

En Côte-d’Or, entre 6 000 et 7 000 hectares sont touchés par le gel, soit 70 % du vignoble. Dans ce département, les dégâts les plus importants sont enregistrés dans les Hautes Côtes, la Côte de Beaune et la Côte de Nuits. Trois cas de figures sont rencontrés. Les parcelles pas ou peu gelées sont « très belles » : « Les sorties de grappes sont plutôt intéressantes, avec deux inflorescences par branche », relève Benoît Bazerolle, conseiller à la chambre d’agriculture de la Côte-d’Or. Actuellement, entre les stades 4 et 8 feuilles, le retard est d’environ 10 jours par rapport à 2015 sur ces parcelles.
 
Concernant les vignes peu gelées, la repousse s’opère, avec un redémarrage des bourgeons secondaires qui n’avaient pas gelé. « On commence à voir des feuilles, cela remonte un peu le moral », commente le conseiller. Les repousses sont au stade 2-3 feuilles. « Quelques petites inflorescences sont visibles, mais c’est difficile de dire ce que cela donnera par la suite… Pour le chardonnay, je suis septique. A mon avis, il n’y a pas une récolte énorme à attendre. » Ces parcelles ont actuellement trois semaines de retard par rapport aux plus avancées.
 
Troisième cas enfin, les parcelles fortement endommagées par le gel, « entre 80 et 100 % ». De nombreux secteurs sont concernés, en pinot noir comme en chardonnay : les Hautes Côtes, Pernand-Vergelesses, Savigny-lès-Beaune, Chassagne-Montrachet, Meursault, Volnay, Pommard, Marsannay-la-Côte, Chambolle-Musigny, Vosne-Romanée, etc. Dans ces parcelles, aucun signe de reprise n’a été constaté pour le moment. « Au mieux, quelques bourgeons sur le tronc qui commencent à gonfler, note Benoît Bazerolle. On se croirait dans une vigne en hiver. » Ces parcelles auront un mois de décalage par rapport aux autres, et dans certaines, aucune récolte n’est attendue pour cette année. Les exploitations dont les vignes sont concentrées sur un seul secteur gelé ont ainsi pu perdre quasiment toute leur récolte. « Leur désarroi est important, il est difficile pour elles de se projeter dans l’avenir », indique le conseiller. Seul l’espoir de sauver la récolte 2017 compte désormais : « Le meilleur remède pour nous serait le beau temps ».
 
Une estimation du potentiel de rendement des parcelles gelées, « pour avoir une vision plus précise de ce qui reste », ne sera pas possible avant la floraison et la nouaison. Il peut par ailleurs y avoir des phénomènes de filage et de coulure, qui peuvent encore bien « nettoyer » les inflorescences.

Saône-et-Loire 

En Saône-et-Loire, 2 000 hectares ont été endommagés par la grêle et le gel, soit environ 15 % du vignoble du département. La grêle a touché environ 1 000 hectares le 13 avril dernier, localisés dans le sud Mâconnais. Les vignes ont redémarré de façon bien nette. Le stade moyen y est de 3 à 5 feuilles étalées, mais il est très hétérogène selon les parcelles.
 
Concernant les parcelles qui ont subi le gel du 27 avril, cette fois dans le Nord du Mâconnais et plus particulièrement la Côte chalonnaise et le Couchois, le stade végétatif varie considérablement, selon le degré de gel de chacune. Celles ayant fortement gelé ne sont pas reparties. « On a tout juste une pointe verte », indique Benjamin Alban, conseiller à la chambre d’agriculture 71. Celles ayant gelé partiellement ont commencé à redémarrer timidement. « Elles sont actuellement au stade 3-4 feuilles mais il n’y a quasiment pas d’évolution. Elles sont bloquées à cause du stress physiologique », note le conseiller. Les secteurs indemnes enfin, qui représentent tout de même 85 % des surfaces et pour lesquels « tout va bien », les vignes ont atteint le stade 7-8 feuilles. La météo des dernières semaines, fraîche et humide, a entraîné un ralentissement dans la pousse de ces vignes, impliquant un retard d’environ une semaine par rapport à la moyenne décennale.
 
Il y a donc actuellement un décalage important entre les parcelles touchées par le grêle ou le gel et les parcelles « indemnes », estimé à environ 15 jours pour les premières et un mois pour les secondes. « En juin, sur 85 % des surfaces, nous aurons passé la floraison et en serons à la nouaison, tandis que sur les autres, nous serons encore en train de comptabiliser le nombre d’inflorescences », précise Benjamin Alban. Mais plus que ce décalage important entre ces parcelles, c’est surtout « l’extrême hétérogénéité » à l’intérieur même de chaque parcelle gelée qui est embêtant : « Sur un même pied de vigne, on peut avoir tous les stades, du 7-8 feuilles étalées au stade 2-3 feuilles pour les bourgeons qui ont gelé. Cela va nécessiter de multiples passages et beaucoup de travail dans les vignes : ébourgeonnages, épamprages, relevages. »

Chablis et Auxerrois

Dans l’Yonne, les surfaces touchées par le gel du 27 avril ont détruit environ 20 % des bourgeons dans le Chablisien et 26 % dans l’Auxerrois. C’est la partie sud du vignoble qui a été affectée, en zone de plateau plus qu’en bas des coteaux. Certaines parcelles sont gelées à 100 %.
 
Comme dans les deux autres départements, les parcelles les plus fortement abîmées peinent encore à redémarrer, ayant subi un stress important. Les conditions météo actuelles – vent, froid, humidité – ne favorisant pas la reprise et la pousse des vignes. Dans les vignes partiellement gelées, les contre-bourgeons ou les rameaux non grillés ont redémarré : « On revient tout juste au stade 1-2 feuilles étalées, là où on en était avant le gel, conduisant à un décalage de trois semaines avec les secteurs de vallée », décrit Guillaume Morvan, conseiller à la chambre d’agriculture 89. Les vignes non gelées, enfin, qui ont elles aussi connu une situation de stress, poussent très peu. Ce phénomène est accentué par les températures fraîches. Actuellement au stade 5-7 feuilles étalées, le retard est estimé entre 10 et 12 jours par rapport à la moyenne des quinze dernières années. Habituellement, à cette date, les vignes en sont plutôt au stade 8-10 feuilles.

L'orage de grêle du 13 mai 2016 a, quant à lui, abîmé entre 400 et 500 hectares du Nord du vignoble, cette fois, qui avait été préservés du gel. Un épisode proche de celui de 1998 en termes de dégâts causés. La chambre d’agriculture déconseille d’ébourgeonner. « Il faut attendre que cela reparte », préconise le conseiller. 

 

Cognac : des dégâts importants, mais localisés

Les gelées blanches de fin avril-début mai auraient sérieusement atteint 5 % de la surface selon le Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC). Soit 4 000 hectares de vigne de production d’eaux-de-vie charentaises, concentrés sur les pays bas et le long des fleuves (Soloire, Charente et Né). Hors de ces secteurs sévèrement touchés (avec des parcelles ravagées jusqu’à 100 %), les dégâts sont plus dispersés sur d’autres zones. Il s’agit essentiellement des vignes à la topographie de bas-fonds, avec des yeux atteints dispersés parmi d’autres indemnes.
Désormais, le grand enjeu est celui de la reprise des contre-bourgeons. Afin de préciser les estimations, le BNIC lancera la semaine prochaine les premiers comptages de grappes sur son réseau de suivi de maturité (55 parcelles réparties en Charente et Charente-Maritime).
Reconnaissant que le système d’assurance récolte a fait peu d’émules en Charente, les représentants du vignoble soulignent que les conséquences de ce gel seront réduites grâce au système de réserve climatique, et au faible impact global de cet épisode gélif.

Gironde : « Ce n’est pas la catastrophe, comme en Bourgogne »

À Bordeaux, 1 500 hectares de vigne ont été touchés de 20 à 100 % par les gelées du 1er mai, d’après les dernières estimations de la chambre d’agriculture girondine. La zone la plus touchée se trouve dans le Nord du département (cantons de Blaye, Guîtres…), avec « un peu moins de 1 000 hectares de dégâts. On parlerait d’une centaine d’hectares ravagés à 100 % », rapporte Philippe Abadie, le directeur des services aux entreprises de la CA33.
Les Graves ont également gelé, notamment dans l’appellation Pessac-Léognan, avec 300 ha touchés de 40 à 70 %. Dans le Sud des Graves (cantons de Landiras, Podensac…) et le Nord du Libournais, on trouve également des « dégâts significatifs, mais ponctuels. Ils sont disséminés dans les fonds de vallées », précise Philippe Abadie. Si cet épisode de gel ne sera pas neutre sur la suite de la saison viticole, et notamment sur les jeunes plants, ce n’est « pas la catastrophe comme en Bourgogne », rassure le directeur. Pour lui, « il faut voir comment la vigne va réagir. Il peut y avoir des phénomènes de compensation des contre-bourgeons ». Les épisodes de gel de 1993 et 1994 ont démontré que la vigne peut effectivement repartir, du moins si les dégâts ne sont pas trop importants (comme en 1991).
Une mission d’enquête de la CA33 avec les services administratifs est prévue au début de l’été pour constater l’évolution des dégâts. Et juger de la pertinence d’aides complémentaires à l’assurance récolte (exonérations de cotisations sociales ou de taxes sur le foncier non bâti…).

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