« Ceux sont les vignerons qui ont fait le changement et permis le retour du cépage carignan. Ils ont décidé de se battre pour défendre ce cépage » explique John Bojanowski, du Clos du Gravillas. Avec 30 000 hectares plantés dans le Languedoc et une implantation qui date du Moyen-Age, le cépage n’est pas rare mais il est de manière plus confidentielle vinifié en mono-cépage. Et ces cuvées ont attiré l’œil des médias spécialisés, notamment celui de Jancis Robinson, marquant son grand retour bien que sa mauvaise image soit toujours ancrée. Sa fraîcheur, même en climat méditerranéen, est sans doute son atout principal aujourd’hui, ont souligné les viticulteurs venus présenter leurs vins 100% carignan, le 12 avril à Carcassonne à l’occasion de Terroirs et Millésimes en Languedoc. Blanc sec, rouge et moelleux : ils ont pu afficher la diversité des vins issus de ce cépage ainsi que ses qualités de conservation. Selon les estimations de John Bojanowski, environ 300 producteurs languedociens vinifieraient du carignan en mono-cépage. Son renouveau est notamment porté par l’association Carignan Renaissance créée en 2004 qui compte désormais une petite quarantaine de domaines ainsi que des journalistes dont Michel Smith. Cet attrait est tel que Pays d’Oc s’y intéresse de près et demande son introduction dans les cahiers des charges. Par ailleurs, comme d’autres cépages avant lui, une journée lui est dédiée : la Carignan Day qui aura lieu le 28 mai prochain à SupAgro Montpellier. Il y sera notamment question de vieillissement des vins mais aussi de l’âge des vignes. De nombreuses parcelles de carignan sont en effet centenaires, ce qui pose la problématique du renouvellement. D’autant que l’achat de veilles parcelles plantées du carignan s’avère plus intéressante que sa plantation…
Clairette, confidentiel à fort pouvoir d’attraction
Avec seulement 90 hectares de plantés entre Pézenas et Clermont-l’Hérault, la Clairette, issue de la clairette blanche, est l’une des plus anciennes AOC du Languedoc. Elle fête cette année ses 70 ans. Seules quatre caves coopératives et six caves particulières vinifient ce cépage. L’AOC permet de produire quatre vins : des blancs secs, des blancs moelleux, des rancios et des vins de liqueur.
Les moelleux ont cessé d’être vinifiés en 1937. C’est au directeur de la cave d’Adissan, Jean Renaud, qu’ils doivent leur résurrection. Dans les années 1990, le directeur découvre que le décret d’appellation permet de produire de tels vins. « J’ai interrogé les anciens pour savoir comment ils faisaient » se souvient-il. En 2000, après plusieurs essais, la méthode de vinification est au point. « Nous réalisons la même Clairette que François 1er ou Henri IV buvait » assure Jean Renaud. La vinification se caractérise par une vendange aux alentours du 8/15 octobre, réalisée aux heures chaudes (soit après 14h). « Le degré alcoolique variant au cours de la journée, nous vendangeons au moment où il atteint son maximum, soit 15° » explique Jean Renaud. Un pressurage direct permet d’éviter toute macération qui est à bannir, la clairette étant riche en polyphénols qui induisent un risque de coloration rapide. La fermentation se fait comme un blanc classique, elle est arrêtée vers les 12,5°/13° pour conserver les sucres résiduels. Les moelleux représentent désormais 60% des volumes de l’appellation et 80% de ces volumes sont produits par les Caves d’Adissan et de Cabrières. Paul Mas est le seul négoce qui en achète et ce depuis deux ans. Sa distribution reste très locale, circonscrite à l’Hérault. A la cave coopérative d’Adissan, les moelleux sont valorisés 140 euros/hl tandis que les blancs secs avoisinent les 100 euros/hl. De quoi sortir des vins à des prix plutôt compétitifs pour le consommateur. La cuvée Fulcon-Cabrion de la coopérative de Cabrières sort ainsi à 6 euros en linéaires.