En tant que bonne pratique de gouvernance, le conseil d’administration de Diageo a ouvertement commencé à réfléchir à la succession [du président Franz Humer]. Nos plans seront dévoilés le moment approprié » a confié un représentant du groupe britannique au Sunday Times. Fêtant ses 70 ans cet été, le dirigeant austro-suisse devrait donc quitter son poste dans la foulée de la présentation des résultats 2015-2016 de Diageo. Soit le bilan d’un exercice marqué par un net désengagement de ses activités vins, qu’il appartiendra à son successeur de poursuivre ou non.
En octobre 2015, le groupe anglais a vendu ses activités californiennes (production et négoce Chateau and Estate Wines) et celles anglaises (distributeur Percy Fox, pour les marques Blossom Hill, Yellow Tail…) au groupe australien Treasury Wine Estates. En novembre dernier, Diageo se séparait de ses bodegas et marques argentines (Navarro Correas et San Telmo), au profit du groupe local Peñaflor. Mais le groupe conserve, aux dernières nouvelles, le négociant anglais Justerini & Brooks Wine Merchants, la winery californienne Acacia (Sonoma)…
Cette stratégie de désengagement suit les conseils d’analystes financiers, pour qui le groupe devrait essentiellement se concentrer sur les spiritueux (gin Tanqueray, liqueur Baileys, rhum Captain Morgan, vodka Smirnoff, whiskies Johnnie Walker et J&B…). Et non seulement délaisser la filière des vins (6 % de son chiffre d’affaires passé, contre 72 % pour les spiritueux), mais aussi celle, historique, des bières (22 % du CA avec Guinness, Kilkenny…).


« Avec la crise financière, le contre-coup du marché chinois et une série de saccades (notamment pour la vodka), les temps sont difficiles pour Diageo. Mais le programme annuel de réduction des coûts est quasiment achevé [à hauteur de 200 millions de livres, soit 250 millions €], et le marché chinois se stabilise » analyse la revue The Drinks Business, qui souligne qu’après trois années au trente-sixième dessous, l’action de Diageo repart à la hausse. Pour la revue anglaise, tout l’avenir de Diageo repose désormais dans le choix du président de son conseil d’administration. Soit il s’agira d’un cadre du groupe (ce qui est le parcours de Franz Humer, mais aussi de l’actuel directeur général, Ivan Menezes), soit il sera question d’un recrutement extérieur, pour amener un regard neuf.