Champagne
Appel à l'arrêt des herbicides par les viticulteurs bio

Les viticulteurs bio de Champagne, représentés par l'Association des champagnes bio (ACB), réclament « l'arrêt total et inconditionnel des herbicides, à partir de 2017 », dans le vignoble champenois. La demande a été formulée ce mardi 8 mars 2016, lors d'une assemblée régionale du SGV.
La demande a été formulée à l'occasion de l'Assemblée régionale du SGV qui se tenait ce mardi 8 mars 2016 à Bar-sur-Seine (Aube), par Bertrand Gautherot, un viticulteur bio de l'Aube et administrateur de l'ACB. Celui-ci a pris la parole, en lisant à voix haute, devant l'assemblée présente, constituée de nombreux viticulteurs aubois, le président Pascal Ferrat et les deux candidats à sa succession, mais aussi les journalistes présents, une série de « huit arguments » : la « progression de la qualité des champagnes », la « diminution du risque sanitaire », « l'amélioration de la marge par bouteille », « la création d'emplois », « la préservation des paysages de l'Unesco », ou encore « l'impact médiatique positif ».... Huit arguments pour « devenir la première appellation viticole au monde à cesser l'usage des herbicides ».
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Cette demande, déjà portée « à plusieurs reprises » par l'ACB, fait notamment suite aux polémiques qui courent actuellement dans le vignoble girondin, sur l'impact des produits phytosanitaires sur la santé. « Travailler l'image du Champagne sans travailler sur le fond, c'est comme chauffer une maison avec les fenêtres ouvertes », argumente le viticulteur.
Côté Syndicat, l'heure ne semble pas être, tout au moins pour le moment, à une réponse favorable. Lors de l'Assemblée régionale, Pascal Ferrat a répondu que le vignoble était déjà très engagé dans un processus de développement durable, avec notamment le bilan carbone, et que de gros progrès avaient déjà été enregistrés ces dernières années en terme d'utilisation des herbicides. Une nouvelle réunion entre le président du SGV, accompagné de ses deux successeurs potentiels, et le président de l'APC, a eu lieu le lendemain-même, afin de refaire le point sur le sujet. "Il y a un accord sur le fond, pas sur la forme, affirme Bertrand Gautherot. Le dossier avance! ". Mais côté syndicat, le son de cloche n'est tout à fait le même: « Aucune réponse ne sera formulée suite à cette demande », affirme Olivier Goujeon, responsable communication du Syndicat.
Plus que les revendications elles-mêmes, c'est le fait de les avoir exprimées haut-et-fort en présence de journalistes, qui excède le plus les responsables syndicaux, accusant le viticulteur d'agir de façon "cavalière" et d'avoir voulu "prendre en otage l'assemblée régionale". Il est aussi probable que cette réaction soit liée au fait qu'en Champagne, le sujet des produits phytosanitaires soit très sensible et que l'on n'aime pas beaucoup étaler aux grands jours ses problèmes d'herbicides...Or depuis mardi, l'affaire a déjà été relayée par le journal l'Est Eclair et France 3 Champagne-Ardenne.
De son côté, Bertrand Gautherot déclare avoir prévenu Pascal Ferrat, en amont de l'assemblée régionale, de son intervention. "Il était donc tout à fait au courant", se défend-il. Quant à la presse, cela leur permet "de se faire entendre, aucune décision n'étant prise depuis dix ans". Le viticulteur dit aussi avoir reçu le soutien de « plusieurs grandes maisons de champagnes ». « Cette demande n'émane donc pas d'hurluberlus », insiste-t-il, s'appuyant également sur le fait que 19% des surfaces viticoles champenoises sont déjà conduites sans herbicides. « Cela est donc faisable d'un point de vue technique, validé par de nombreuses expérimentations. Nous ne comprenons pas ce qui bloque... »