Jérôme Despey est un peu amer. « Je n'ai pas attendu les réactions syndicales pour m'intéresser au sponsoring du tour de France, affirme le président du conseil des vins de FranceAgriMer. J'ai rencontré Christian Prudhomme, le directeur du tour de France, en mars 2015, pour comprendre comment on en est arrivé là. »
Il soutient qu'à l'époque déjà, il s'est étonné de l'accord qu'avait passé l'organisation du tour avec Cono Sur, faisant de ce vin chilien le vin officiel de l'épreuve. Jusqu'à ce jour, il n'en avait pas parlé. Mais comme l'affaire échauffe le syndicat des vignerons de l'Aude, il sort de sa réserve à l'occasion du salon de l'agriculture.


Dans un communiqué publié le 22 février, le syndicat des vignerons de l'Aude menace de bloquer des étapes du tour de France. Et il invite les autres syndicats à le rejoindre. Contrairement à l'an dernier, cette année, le tour passe dans le Languedoc. L'étape du 13 juillet l'emmène de Montpellier à Narbonne. Ce qui a attiré l'attention des vignerons de l'Aude. Ces derniers ne conçoivent pas que l'une des plus célèbres épreuves organisées en France, fasse la promotion de vins étrangers.
« Cela fait plus d'un an que nous travaillons avec l'organisation du tour pour étudier un partenariat avec la filière viticole, insiste Jérôme Despey. Jusqu'à l'an dernier, la loi Evin ne nous permettait pas de faire du parrainage. »
Avec l'assouplissement obtenu en novembre dernier, qui autorise explicitement la communication sur les terroirs et les savoir-faire liés au vin, des possibilités s'ouvrent. « On doit pouvoir mettre en avant les terroirs viticoles. Mais pour les produits, il faudra faire très attention », souligne Jean-Marie Barrillère, président du Cniv, le comité de liaison des interprofessions viticoles. Il est donc question que des interprofessions se présentent comme éventuels sponsors.
Une rencontre est prévue jeudi prochain entre la direction du tour de France et la filière viticole sur le pavillon du vin, à ce sujet.
Le partenariat entre le tour de France et Cono Sur est signé jusqu'en 2017. D'ici là, les producteurs de vin peuvent mettre en avant les produits de leurs terroirs à chaque étape du tour. « C'est possible et le tour de France le souhaite », assure Jérôme Despey.