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Nous demandons aux autorités de faire preuve de courage politique et d’interdire de planter du pinot noir et du sauvignon aux IGP du Val de Loire » indique Gilles Guillerault, président de la Fédération des unions viticoles du Centre (FUVC). Cette demande fait suite à la fin de non-recevoir donnée, début février, par le syndicat des IGP du Val de Loire sur un projet d’accord de non-agression sur lequel travaillaient les deux organisations, sous l’égide coordinatrice de l’INAO. Les AOP du Centre sont, en effet, très inquiètes de la concurrence que pourraient leur faire les IGP depuis la mise en place du nouveau système d’autorisation de plantation. Ce vignoble a un particularisme : c’est une région dominée par les AOP sans hiérarchisation. Aucune appellation ne peut ainsi se replier en AOP régionale. La crainte des vignerons du Centre est de voir des plantations d’IGP se multiplier sur les deux cépages principaux, faisant baisser les cours et ruinant des années d’efforts pour faire croître les prix et la commercialisation.
« Nous demandons simplement que soient interdits le sauvignon et le pinot noir sur 8% de l’aire totale de l’IGP » précise Gilles Guillerault. Pour les IGP, cette demande relève de l’impossible. « Si nous faisons ça, nous créons un précédent. Il s’agit de modifier notre cahier des charges. Or cela fait trente ans que nous existons. Le sauvignon et le pinot noir sont des cépages typiques du Val de Loire qui ont toujours figuré dans nos décrets » explique Lucie Chassevent, directrice de l’ODG IGP Val de Loire. Selon elle, les demandes exprimées par la FUVC sont « invasives et directives. Par ailleurs, les autorisations de plantations en IGP Val de Loire se portent à 40 hectares en 2016 pour l’ensemble des 14 départements couverts par l’aire ». En clair, il n'y a pas de risque de ras de marée... en 2016.
Au-delà de la potentielle dévalorisation des AOP, l’arrivée de nouveaux hectares de sauvignon et de pinot noir pourrait également bouleverser les équilibres en matière d’approvisionnement des moûts, estime Gilles Guillerault. « Elle aurait des conséquences négatives pour les vins IGP Val de Loire Sauvignon produits sur les départements du Loir & Cher, de l’Indre & Loire et du Maine & Loire. Le négoce du Centre/Loire y achète aujourd’hui plus de 25% des vins d’IGP Val de Loire Sauvignon vendus en moût, à des prix supérieurs de 30 à 50% au cours moyen. Si des plantations d’IGP Val de Loire Sauvignon se développent dans le Cher (18), la Nièvre (58), le Loiret (45) et l’Indre (36), les négociants n’auront plus à se déplacer pour s’approvisionner et le cours moyen risque de s’effondrer » explique la FUVC.
Selon lui, cet argument commencerait à être entendu. En attendant, Gilles Guillerault espère être reçu par le ministre de l’Agriculture : il en a fait la demande au préfet du Cher au cours d’une manifestation qui a réuni 300 vignerons à Bourges, le 23 février. S’ils ne sont pas entendus, la situation risque de se tendre. « Certains ont déjà planté. Ces vignes disparaîtront si rien n’est fait ! » prévient celui qui se dit « calme et raisonnable ».
