ntervenant aux journées techniques de la viticulture bio d’Aquitaine, ce 17 février à Blanquefort, le réseau coopératif de l’Atelier Paysan a lancé un appel aux innovations viticoles. Celles bricolées sur le terrain et utilisées dans une exploitation, et qui pourraient être transmises de pair à pair, par l’auto-construction permettant l’adaptation à sa propre situation. « Les idées partent de la vigne, que ce soit à partir de pratiques existantes ou pour répondre à des contraintes locales » pose Nicolas Sinoir (animateur nationale de l’Atelier Paysan), qui précise que « la démarche accompagne la standardisation d’une idée individuelle. Pour en faire une copie essaimable et réalisable avec le matériel de la ferme (poste à souder, meuleuse, perceuse à colonne…) »
Une fois l’innovation repérée et formalisée, elle peut être validée par la duplication, l’expérimentation et l’adaptation à d’autres contextes culturaux. Ensuite elle est « libérée », c’est à dire diffusée via des formations régionales à l’auto-construction, pour son appropriation et son adoption, et via internet, où les plans sont disponibles sous la licence Creative Commons. « Il n’y a pas de confiscation par un brevet, mais la création d’un bien commun pour le collectif » prêche Nicolas Sinoir.
La démarche de l’Atelier Paysan se traduit en viticulture par la création du « dahu » à Saint-Joseph (outil de travail du sol pour les rangs de vignes en dévers) et d’un semoir à engrais vert, conçu par le vigneron jurassien Antoine Pignier (domaine Pignier, 15 hectares en biodynamie à Montaigu). Présentant l’outil dans le vignoble bordelais, il se rappelle d’infructueuses « tentatives de semis avec du matériel classique. Les résultats n’étaient pas adaptés, les machines étaient trop lourdes, trop larges…. » D’où l’idée de construire son propre semoir, « avec des disques trancheurs devant et un grip de dérive derrière, permettant de ne pas bouleverser le sol » résume-t-il.
Son expérience ayant été concluante, ce sont désormais dix autres semoirs qui ont été conçus lors de stages d’auto-construction de l’Atelier Paysan. Ces outils se « libèrent » désormais, de l’Alsace au Languedoc. Et pour « un coût de 2 300 €* de ferraille et de distribution, contre 8 à 12 000 euros pour une machine de constructeur, d’après les catalogues du marché » souligne Nicolas Sinoir.
* : Auxquels s’ajoutent les coûts de la formation, comprenant un soutien à la R&D de l’Atelier Paysan et l’amortissement prématuré des machines (pour cause de casse).