’est un travail de longue haleine. Pendant onze ans, l’IFV et la Sicarex Beaujolais ont comparé sur une même parcelle de gamay, située à Saint-Étienne-la-Varenne trois modes de conduite : conventionnel, raisonné et bio. « L’objectif n’est pas de dire que tel mode est meilleur que tel autre mais de mettre en évidence les points forts et les points faibles de chaque système », a insisté Jean-Yves Cahurel, lors de la présentation de la deuxième série de résultats de cet essai, le 12 janvier, à Liergues (Rhône), lors des portes ouvertes de la Sicarex Beaujolais. L’agronome a notamment détaillé le volet œnologique, les trois modalités ayant été vinifiées séparément en 2003, 2004 et 2006 dans les mêmes conditions, puis en 2011, 2013 et 2014 mais seulement pour les modalités raisonnée et bio. Lors de ces vinifications, les vins ont été levurés et sulfités à l’encuvage les années où l’état sanitaire le nécessitait (2006, 2013 et 2014). La durée de macération a été de six jours pour les vins élaborés en 2003, 2004 et 2006 et de sept jours pour les autres.
Le principal résultat ? Les dégustateurs ont jugé les vins bio plus colorés et plus tanniques deux années sur trois par rapport au conventionnel. « Ce résultat est cohérent avec les résultats analytiques, a expliqué Jean-Yves Cahurel. Ce constat est lié au fait que la vigueur et les rendements sont moindres dans cette modalité, notamment au début de l’essai. »
Autre observation : l’analyse des vins embouteillés montre que les vins bio présentent une acidité totale supérieure et un pH inférieur. Les teneurs en acide tartrique sont un peu plus élevées en bio mais, ce qui fait la différence, ce sont surtout les teneurs en potassium qui sont plus faibles. « Cela rejoint les résultats des analyses pétiolaires qui montrent que les teneurs en cet éléments sont plus faible en bio », détaille Jean-Yves Cahurel. L’explication ? « Le potassium est un élément qui migre lentement dans le sol. Il se trouve donc plutôt en surface. Or, en bio, avec le désherbage mécanique, on supprime les racines qui se situent dans cet horizon de surface. Le potassium est donc moins bien absorbé. »
Les expérimentateurs ont également analysé d’autres paramètres : notamment l’incidence des différents modes de conduite sur la vie des sols et la faune auxiliaire. Nous vous les détaillerons dans le numéro de février de La Vigne.
Vous pouvez également retrouver les résultats des analyses agronomiques qui ont été présentés l’an passé dans La Vigne, n° 274 d'avril 2015
En conventionnel, les expérimentateurs ont réalisé les traitements phytosanitaires selon un calendrier préétabli. Et, ils ont réalisé un désherbage chimique en plein. « Dans cette modalité, on blinde au niveau des traitements pour éviter les parasites et la concurrence de l’herbe », a expliqué Jean-Yves Cahurel, de l’IFV pôle Bourgogne-Beaujolais. En raisonné, les expérimentateurs ont appliqué le cahier des charges Terra Vitis. Puis à partir de 2010, ils ont appliqué la règle de décision Pod mildium pour raisonner les traitements contre le mildiou et l’oïdium. Pour l’entretien des sols, ils ont au départ de l’expérimentation désherbé en plein chimiquement. Puis en 2008, ils ont mis en place un enherbement naturel maîtrisé dans tous les interrangs, puis un interrang sur deux à partir de 2012, l’autre interrang étant désherbé chimiquement pour limiter la concurrence. En bio, les expérimentateurs ont appliqué le cahier des charges de l’agriculture biologique. Ils ont désherbé mécaniquement sur toute la surface.