e 2003 à 2013, l'IFV et la Sicarex Beaujolais ont comparé trois systèmes de production sur une même parcelle en beaujolais-villages : conventionnel, raisonné et biologique. Les expérimentateurs ont conduit l'essai sur une parcelle de gamay taillée en gobelet et située sur un sol superficiel avec une faible pente(8 %).
UN RENDEMENT 45 % PLUS FAIBLE EN BIO
Principale observation : en bio, le rendement accuse, en moyenne, une baisse de 45 % par rapport au conventionnel et de 33 % par rapport à la viticulture raisonnée. L'écart est même encore plus important en 2008 et 2012, deux années où la pression de mildiou a été particulièrement forte.
Plusieurs facteurs expliquent cette perte de rendement. De base, la modalité bio est moins productive. La fertilité et le poids moyen des grappes sont plus faibles à cause d'une vigueur moindre. En cause : le désherbage mécanique qui réduit le nombre de racines superficielles et qui permet un développement plus important des adventices les années pluvieuses.
À cela s'ajoutent les pertes de rendement dues aux attaques de mildiou les années de forte pression.
C'est ce qu'a expliqué Jean-Yves Cahurel, de l'IFV, lors de la 24e édition des Entretiens du Beaujolais, qui se sont déroulés au lycée viticole de Bel Air, à Saint-Jean-d'Ardières, le 19 mars.
CONDUITE RAISONNÉE : DES NIVEAUX ACCEPTABLES
En viticulture raisonnée, les rendements ont été similaires les premières années à la modalité conventionnelle. Mais, à partir de 2008, ils chutent. En effet, cette année-là les expérimentateurs sont passés du désherbage chimique en plein à de l'enherbement naturel dans tous les interrangs. Il s'en est suivi une baisse de la vigueur et donc des rendements.
« Dans ce type de sol, l'enherbement de tous les interrangs est donc à éviter », a expliqué Jean-Yves Cahurel. Les expérimentateurs sont donc passés à un enherbement un rang sur deux. Et les rendements sont revenus à un niveau acceptable.
Jean-Yves Cahurel précise que ces différences de rendement n'ont pas eu d'influence sur la qualité des baies.
30 À 40 % DE TRAITEMENTS EN MOINS
En toute logique, l'IFT (Indice de fréquence des traitements) est le plus élevé en conventionnel (14,2 en moyenne). « C'est un peu en dessous de l'IFT régional », note Jean-Yves Cahurel. Dans les autres modalités, il est réduit de 30 à 40 %. « Nous n'avons pas atteint les 50 % de réduction, mais c'est déjà pas mal », indique Jean-Yves Cahurel.
Les résultats de cette expérimentation seront présentés plus en détail dans notre prochain numéro de « La Vigne » (n° 274, avril 2015).
Trois modalités étudiées
? Conventionnel : traitements phytosanitaires appliqués selon un calendrier préétabli, désherbage chimique en plein.
? Raisonné : application du cahier des charges Terra Vitis. En 2010, introduction de la règle de décision Pod Mildium pour le mildiou et l'oïdium. Désherbage chimique en plein au départ, puis mise en place d'un enherbement spontané tous les interrangs en 2008 et un rang sur deux en 2012.
? Bio : désherbage mécanique. À partir de 2009, augmentation des doses de soufre pour maîtriser l'oïdium et introduction d'un traitement antibotrytis à base de Bacillus subtilis.