Une poignée de viticulteurs bourguignons, 24 au total, principalement localisés en Côte-de-Beaune et Côte-de-Nuits, ont décidé, en accord avec l'INAO et en lien avec la CAVB, le BIVB et les Chambres d'agriculture, de financer en 2014 l'installation dans leurs vignes de filets anti-grêle. Au total, 32 parcelles en ont été équipées, chacune ayant été limitée à une surface de 20 ares, soit en moyenne entre un et quatre rangs protégés pour chacune. Les filets recouvrent les faces latérales des rangs de vigne.
L'objectif de l'expérimentation pour les viticulteurs : tester l'efficacité des différents modèles contre la grêle. Quant à la CAVB et l'INAO, il est de mesurer les éventuels impacts qu'ils pourraient avoir sur la vigne, le raisin et le vin. S'il apparaît, au terme des trois ans, que les modifications ne sont pas trop « substantielles », les vignerons espèrent en effet un accord de l'INAO pour pouvoir les utiliser dans leur AOC.
Installés en 2014, la première « campagne d'utilisation » de ces filets vient donc de s'achever, sur les trois années que dure le programme. A cette occasion, un premier bilan a été présenté en décembre 2015 aux viticulteurs concernés. « Concernant le premier objectif, à savoir la protection contre la grêle, il n'y a pas eu d'épisode cette année, mais seulement quelques alertes », rapporte Charlotte Huber, chargée de mission à la CAVB. Difficile donc d'en conclure quoi que ce soit ! ».
S'agissant de l'étude des impacts sur la vigne et le vin, plusieurs paramètres ont été mesurés, à la fois sur les rangs protégés et les rangs « témoins », non protégés : micro-climat et maturité des raisins, caractéristiques des vins qui en découlent, qualité de pulvérisation, maladies, mais aussi temps de travaux, chaque viticulteur devant renseigner un « cahier d'enregistrement des pratiques ».
« Après cette première année, nous ne pouvons pas conclure, ni sur un impact positif, ni sur un impact négatif des filets », annonce celle-ci. Pour la plupart des mesures effectuées – hygrométrie, rayonnement, surface foliaire, stades phénologiques, poids de la récolte, taux de sucre, état sanitaire lié aux maladies fongiques, etc- un impact peut en effet parfois être mesuré dans un sens, puis dans d'autres cas, dans l'autre. « Il n'y a donc pas de différences significatives constatées », poursuit-elle. Seule une tendance sur le paramètre « rayonnement perçu par la vigne » semble se dégager, qui ressort inférieur dans les rangs protégés. « On note moins de grillures, commente Charlotte Huber. Mais cette observation doit être confirmée les années suivantes ».
Les tests de pulvérisation effectués au moyen de papiers hydrosensibles ont tout de même permis de montrer que la qualité de celle-ci était aussi efficace avec ou sans filets. « Cela représente une agréable surprise », admet la chargée de mission. Il est également à noter que les conditions climatiques du millésime 2015 – chaleur et peu de pluviométrie – ont été « très particulières », raison pour laquelle les observations n’ont pu aboutir à « aucun constat significatif concernant l’impact des filets sur la protection phytosanitaire ».
Concernant les conséquences sur les travaux de la vigne, le gain de temps notable lors du palissage des rangs protégés est pondéré par le temps de travail plus important du fait du relevage des filets et du travail du sol. Ce dernier est en effet ralenti pas la proximité des filets avec le sol.
Il reste également au BIVB à déguster, en février 2016, les micro-cuvées issues des raisins « protégés », afin d'en effectuer des analyses sensorielles et de tester d'éventuelles différences.
Photographies: Trois fabricants de filets anti-grêle ont équipé les 24 viticulteurs. Ici, deux exemples des modèles installés: l'un se remonte manuellement, et l'autre par un système de manivelle. Leur durée de vie : une dizaine d'années, pour un coût allant de 1 à 2€ le mètre linéaire. La plupart des viticulteurs ont fait le choix de les laisser constamment abaissés pendant la période végétative, et de les relever à chaque passage, lors des travaux en vert. Les filets sont ensuite relevés définitivement au moment des vendanges. CR: CAVB