our le vin, 2015 a commencé tambours battants. Avec la tuerie de Charlie Hebdo, le voilà sur le devant de la scène : les étiquettes des bouteilles de vin, réalisées par les dessinateurs assassinés, font le tour des médias. Avec le crayon, le vin est alors l’un des symboles du refus du peuple Français de bâillonner le satyre, où le pinard est, avec le sexe, une des composantes de l’art de la provocation. D’ailleurs, il sera, en la personne du Champagne, la réponse de Charlie aux attentats du 13 Novembre.
Associé si fortement aux deux événements de 2015 qui marqueront sans aucun doute l’histoire française, le vin fait concomitamment son grand « come back » dans la parole des politiques français. Auraient-ils pris à leur compte le sondage IFOP réalisé en 2014 pour Vin et Société qui soulignait notamment que pour 76% des Français le vin est synonyme de bien vivre ensemble ? Cette association à l’une des questions sociétales clés du moment a le mérite de pouvoir se fondre dans n’importe quel courant de pensée. Laurent Fabius est le premier à prendre la parole en janvier 2015, lors de sa désignation comme Homme du vin de l’année par la Revue des vins de France. « Dans le passé, on a eu souvent tendance à mettre l'accent sur la dimension du risque, de l'alcoolisme, etc. Je suis évidemment d'accord pour alerter sur les risques liés à l'excès de consommation d'alcool. Mais il ne faut pas confondre consommation excessive et dégustation raisonnable de produits de qualité. Il faut organiser à la fois l'appui à nos vignerons, à nos commerçants, à nos vignobles, et développer l'oenotourisme » déclare-t-il à l’AFP à cette occasion. Puis, c’est au tour de François Hollande de prendre la parole lors de Vinexpo en juin. Rompant avec des années de boycott présidentiel du salon, il déclare : « Vous êtes leaders mondial, il n'y a pas beaucoup de domaines où nous sommes en leadership mondial. Et donc, là où nous sommes déjà premiers, restons largement premiers. C'est le sens de ma visite : faire valoir, ici en France, et dans le monde, ce que nous représentons, ce que nous portons ». Plus tard dans l’année, Alain Juppé en voyage à Québec pour Bordeaux fête le vin, fait aussi ses déclarations pour soutenir la clarification d’une loi Evin qui a du mal à aboutir.
Marine Le Pen ne prend pas la parole en 2015, mais elle l’a déjà fait en 2014 se positionnant avec un temps d’avance sur la clarification de la loi Evin. Elle déclare : « tout ce qui contient de l’alcool n’est pas similaire. Le vin est un produit culturel ». Jean-Luc Mélenchon évoque aussi l’aspect de la culture en produisant un film sur le vin comme produit culturel et de civilisation. Civilisation, un mot qui disparaît du nom du projet oenotouristique de la Cité du vin. Comme un contre-pied au jeu politique que le vin endosse, peut-être, bien malgré lui.