'Agence régionale de santé (ARS) d'Aquitaine a publié en août 2015 une étude sur le nombre de cancers pédiatriques sur la commune de Preignac, en Gironde, et l'éventuel excès de cas lié aux produits phytosanitaires. « Il faut désormais passer à l'étape suivante, à savoir, conduire une deuxième étude plus poussée », estime l'association Alerte des Médecins sur Les Pesticides (AMLP), qui lui a fait savoir à travers un courrier envoyé récemment.
« La première étude de l'ARS répond en effet à trois points, détaille Pierre-Michel Perinaud, médecin membre de l'AMLP : le doute n'est pas levé quant à l'éventuel excès de cas de cancers dans la commune, l’exposition environnementale sur la zone d’étude est particulière, avec une forte activité viticole avec proximité de l’école et des habitations par rapport aux vignes, et enfin, il est prouvé d'un point de vue scientifique qu'il y a un lien entre l'exposition aux produits phytosanitaires et certains cancers de l'enfant. Il faut donc maintenant passer à la phase deux ».
Cette seconde étude consisterait à élargir la zone d'étude et à considérer une période plus longue, afin de pouvoir tirer des conclusions d'un point de vue statistique. Cela permettrait in fine de savoir si l’excès de cas est le « fruit du hasard » ou non. « On pourrait par exemple imaginer prendre une cinquantaine de communes partageant les mêmes caractéristiques que Preignac, c'est-à-dire avec des surfaces viticoles importantes, et remonter sur les dix dernières années, à partir des registres de cancers pédiatriques », explique le médecin.
Cette deuxième enquête permettrait également d'aller plus loin dans le recueil de données sur l'exposition des enfants aux produits : y en a-t-il une et si oui, quelle est-elle, à quel degré, et est-elle significativement différente des autres écoles non exposées ?
« La question dépasse Preignac, résume Pierre-Michel Perinaud. Est-ce que les enfants situés en zones viticoles connaissent un surcroît de cancers par rapport aux zones non exposées ? s'interroge celui-ci. Je ne connais pas la réponse ; si c'est non, alors on se sera affolé pour rien. Mais il faut se poser la question pour lever le doute ».
La demande écrite de l'AMLP a été envoyée il y a deux semaines à l'ARS d'Aquitaine. Les médecins espèrent une réponse favorable de celle-ci d'ici quelques semaines, l'étude en elle-même ne devant pas être "trop coûteuse" et prendre « au maximum six mois ».
L'AMLP est un collectif de 1 500 médecins français favorables à la réduction des produits phytosanitaires en agriculture.
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