ouveau rebondissement dans le dossier de la protection des établissements sensibles (écoles, hôpitaux, etc…) face à l’exposition des produits phytosanitaires. L’Institut national de veille sanitaire (INVS) a de publié un rapport le 5 août dernier, intitulé « Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de Gironde », à savoir la commune de Preignac. Il recommande de mettre en place des actions visant à réduire l’exposition des enfants de l’école communale aux produits phytosanitaires. Ce rapport fait suite aux démarches du maire de la commune débutées en 2012 qui avait permis de diligenter une enquête par l’INVS en 2013 pour établir les causes de cas de cancers pédiatriques à Preignac et dans les communes voisines.
Sur ce territoire, le rapport recense 9 cas de cancers pédiatriques (5 hémopathies malignes de 1990 à 2012, 2 tumeurs cérébrales, 1 rhabdomyosarcome et 1 neuroblastome de 2000 à 2012), soit un léger excès de cas pour les 14 dernières années (8 observés pour 5,7 attendus). Le rapport précise également : « Si l’on ne retient que les cancers pouvant être liés à une exposition aux pesticides, c'est-à-dire les hémopathies malignes et les tumeurs cérébrales, on observe au cours des 14 dernières années, 3 cas de cancer à Preignac contre 0,5 attendu et 6 cas dans la zone de Preignac contre 3,6 attendus. »
Les conclusions du rapport restent nuancées. A la question de savoir, s’il y a un excès de cas de cancers sur la commune de Preignac et les communes avoisinantes, le rapport indique : « si l’on ne peut écarter l’absence d’excès de cas de cancer sur Preignac ou sa zone, celui-ci reste faible et ne concerne pas un type de cancer spécifique. Les méthodes épidémiologiques ne permettent pas de savoir si cet excès est lié à une fluctuation aléatoire des maladies (pouvant être compensée par un déficit dans les années à venir) ou si cet excès est véritablement lié à un facteur de risque environnemental commun ».
Par ailleurs, le rapport reste très mesuré concernant le possible lien entre l’exposition aux produits phytosanitaires des enfants et la survenue des cancers. L’absence de relevés de produits phytosanitaires dans l’air sur la commune de Preignac, et notamment à proximité de l’école voisine d’une parcelle de vigne, ne permet pas aux experts d’affirmer que les enfants ont été exposés. Par ailleurs, les facteurs de risque individuel n’ont pas été expertisés par l’étude. Néanmoins, l’INVS estime que « la contribution des pesticides au risque cancer ne peut être exclue » car différentes études scientifiques ont montré que l’exposition en période prénatale, périnatale et durant l’enfance est un facteur de risque de survenue de leucémie et de tumeurs cérébrales.
L’INVS recommande donc de mettre en place une surveillance sanitaire renforcée ainsi que des actions de prévention au sein de l’école de Preignac : reprise du dialogue avec l’exploitant exerçant à proximité de l’école, notamment pour l’inciter à adapter ses heures de traitement, implantation de haie ou bardage bois pour contenir les aérosols, aération régulière des salles de classe, nettoyage des jeux extérieurs en cas d’entraînement de produit, signalement de toutes pratiques agricoles non règlementaires à la DRAAF. Par ailleurs, le maire de la commune de Preignac a fait l’acquisition de la parcelle voisine de l’école pour créer une zone tampon.
[Illustration : carte des cancers pédiatriques observés sur la commune de Reignac et les communes avoisinantes]