près deux années de petites récoltes, la Provence viticole a enregistré en 2014 un record historique, avec 1,23 millions d'hectolitres de vins rosés produits. De quoi amener un volume disponible conséquent, d'autant plus qu'il restait un stock issu de l'année précédente de 84.000 hl, portant donc à 1,32 millions hl le volume potentiellement disponible commercialisable sur 2015...Un volume record pour la Provence.
« Si l'on considère que l'on maintient ce stock-outil pour l'an prochain, cela fait donc pour les opérateurs provençaux un volume à commercialiser de 1,25 million hl sur 2015, donc un disponible en très forte hausse », commente Michel Couderc, responsable économie au CIVP. Un surplus équivalant en effet à +16% par rapport à la moyenne des quatre dernières années et à +22% par rapport à 2014.
Le suivi des volumes sortis des chais donne un aperçu de la campagne de commercialisation d'août 2014 jusqu'en avril 2015. 700.000 hl ont été sortis sur la période, soit 7,7% en moins par rapport à la précédente campagne. A date équivalente, les sorties de chais des vins rosés sont donc en retrait, alors que le volume à commercialiser est nettement supérieur... Sur mai et juin 2015, les données plus récentes issues des transactions du marché vrac - qui représente environ 60% du marché des rosés provençaux - montrent en revanche que le volume échangé a dépassé celui de l'an dernier, de 9%. Mais cette augmentation n'a pas encore permis d'absorber totalement l'important volume vrac disponible cette année.
Pour autant, l'heure ne semble pas à l'inquiétude du côté de l'interprofession. Les sorties de chais sur les derniers mois connus témoignent d'un « regain d'activité », laissant présager pour la suite la poursuite de cette tendance : « Le plus gros des volumes sort entre le printemps et l'été ; de plus cette année, la météo et les ponts de mai et juin ont été avec nous ! », argumente Michel Couderc. Celui-ci estime le volume restant à sortir des chais à fin avril équivalent à celui de 2011, « ce qui a donc déjà été réalisé ». Le marché vrac est de son côté « dynamique , y compris en juin, alors qu'habituellement, à cette période, on est plutôt déjà en fin de campagne ». Les prix restés élevés, voire même en légère progression cette année, traduisent même, pour le CIVP, un marché « équililbré » : « Ils indiquent une bonne confiance des opérateurs quant à l'équilibre offre-demande », explique le spécialiste.
« Nous sommes conscients que les sorties de chais sont inférieures, reconnaît tout de même Michel Couderc. Mais il est trop tôt pour être alertés, même si nous suivons cela de près... Attendons d'avoir les chiffres pour mai, juin et juillet, qui sont habituellement de très gros mois ».
Ce qui est plus certain, c'est que les conditions climatiques actuelles vont les y aider, le vin rosé restant un produit fortement « météo sensible ». La Provence viticole croise donc les doigts pour qu'elles perdurent. Et si les opérateurs ne parvenaient pas à écouler leurs 1,25 millions d'hectolitres de vins rosés dans l'année, il leur resterait sur les bras un « stock-outil » qui pourrait à terme pèserait sur les marchés. Cela pourrait s'envisager s'il dépassait les 100.000 hl, comme cela a été le cas dans les années 2005 à 2007.
Rendez-vous est donc donné en octobre prochain, date à laquelle les chiffres définitifs des sorties de chais des vins rosés seront connus...
[crédit graphique : CIVP]