ondée il y a quatre ans, l'association Phyto-Victimes réunit des utilisateurs de produits phytopharmaceutiques (exploitants comme salariés, ainsi que leurs proches) ayant développé des troubles de la santé. Réuni dans le vignoble bordelais le 12 juin, son conseil d'administration a élu un nouveau membre : Marie-Lys Bibeyran. Ouvrière viticole dans le Médoc, elle mène actuellement un procès contre la MSA, demandant la reconnaissance en tant que maladie professionnelle du cancer qui a emporté son frère. Tombant à pic, son élection a appuyé la discussion « santé et pesticides : le combat des femmes », qui a fermé l'assemblée générale de Phyto-Victimes ce 13 juin. « On constate souvent que ce sont les femmes qui ont bousculé leurs maris, leurs parents... Ce sont des combats difficiles. Oser dénoncer, c'est très courageux » estime, en connaissance de cause, le céréalier Paul François (président de Phyto-Victimes, il est en procès avec le groupe Monsanto).
« On souhaite un retrait de tous les produits dont on connaît la dangerosité : cancérigènes, perturbateurs endocriniens... » avance Paul François, qui se montre optimiste dans son combat : « la tendance est irréversible, on ne reviendra pas à la mode agricole de la chimie intensive. » Mais « le plus compliqué pour changer les pratiques, c'est de changer les mentalités des paysans, qui sont devenus les bons petits soldats de la chimie » estime Valérie Murat. Ayant rejoint il y a un an le conseil d'administration de l'association, elle a déposé, en avril dernier, plainte contre X afin de déterminer les responsabilités dans le maintien viticole de l'arsénite de soude (son père, vigneron, étant décédé d'un cancer diagnostiqué maladie professionnelle).
L'association réunirait 150 adhérents, avec une plus forte proportion de professionnels de l'arboriculture et de la viticulture.
[Photo : Marie Lys Bibeyran ce 5 mars devant la Cour d'Appel de Bordeaux]