une voix près, l'avant-projet de classement des crus bourgeois du Médoc n'a pas réussi à obtenir la majorité des deux-tiers. Présenté en assemblée générale extraordinaire, le système classification à trois niveaux est donc remisé, laissant en place le système de labellisation. Si 66 % des votants étaient en faveur de l'avant-projet présenté ce 5 mai, ils étaient 81,5 % à soutenir l'idée d'un classement des crus bourgeois en septembre dernier. « Je pense que la plupart des adhérents restent pour, mais arrivés au pied de l'escalier, certains ont eu peur de monter » explique Frédéric de Luze, le président de l'appellation.
Portant le projet depuis trois ans, il s'apprête à remettre l'ouvrage sur le métier pour rassurer les vignerons de la mention traditionnelle. Pour lui, « il est important qu'il y ait une hiérarchisation pour aider le consommateur à faire la différence parmi les crus bourgeois. Le système actuel a fait ses preuves (la mention conserve un certain pouvoir commercial), mais il n'est pas confortable et contraignant. » Relancée par décret en 2010*, la mention traditionnelle cru bourgeois est actuellement remise en jeu chaque millésime, sous la forme d'un label. La sélection se fait selon les notes de dégustation d'un jury d'experts et n'est officialisée que deux ans après le millésime. La publication de sélection officielle des crus bourgeois 2013 n'est ainsi attendue que pour septembre 2015.
Le système de révision annuelle est également critiquée par le négoce bordelais, qui n'apprécie par l'incertitude de cette mention. Une marque travaillée en cru bourgeois pouvant perdre d'un millésime à l'autre ce qualificatif. Un classement pérenne « est inscrit dans l'ADN de la marque des Crus Bourgeois d'avoir une hiérarchie au sein de la famille » confirme Frédérique de Lamothe (directrice de l'Alliance des Crus Bourgeois), qui estime qu'« il n'y a pas de remise en cause de la mention, la base est là et il ne faut pas la déstabiliser. Il faut une volonté forte et partagée dans son entiéreté. »
Pour le millésime 2012, on trouve 267 crus bourgeois répartis sur 7 appellations (Haut-Médoc, Listrac-Médoc, Margaux, Médoc, Moulis, Pauillac et Saint-Estèphe*), pour 29 millions de cols (soit un tiers des volumes médocains).
* : Un classement des crus bourgeois a été réalisé en 2003, mais il a été cassé par la justice en 2007 pour manque d'équité dans le traitement. Il comportait trois niveaux : crus bourgeois, crus bourgeois supérieurs et crus bourgeois exceptionnels.
** : La mention cru bourgeois est également ouverte à l'AOC Saint-Julien.
[Illustration : Identité des Crus Bourgeois 2011]