i le constructeur allemand de machines viticoles « Ero Gerätebau » est leader dans son pays, en France, l’histoire est différente. Constitué de 180 salariés avec son usine basée à Niederkumbd, à 200 km de l’Alsace, ce groupe familial n’occupe (encore ?) qu’une toute petite place sur le marché national. Une présence assurée principalement grâce à ses rogneuses et effeuilleuses de la marque « Binger Seilzug » et à ses dix machines à vendanger « Ero Grapeliner » actuellement en service dans notre pays.
Mais le « petit poucet » des constructeurs de machines à vendanger pour vignes larges, par comparaison aux trois mastodontes que sont New Holland, Pellenc et Grégoire, n’a pas l’intention d’en rester là. « Nous ne sommes arrivés sur le marché qu’en 2012, avec des concurrents déjà bien implantés, justifie Thomas Junck, responsable commercial pour la France. Mais l’objectif de l’entreprise est d’augmenter l’export, ce qu’elle fait depuis plusieurs années. Dans ce contexte, elle a la volonté réelle de se développer en France. Même si c’est un marché compliqué de par sa diversité, il reste aussi le plus porteur ».
Les vignobles de Bordeaux, des Charentes et du Val de Loire sont ceux actuellement prospectés, car adaptés à la machine. Premier choix stratégique opéré par le groupe, un seul modèle est en effet produit actuellement, conçu pour les vignes larges, « ceci afin d’être fonctionnel dans un grand nombre de vignobles dans le monde », précise le responsable allemand. Autre option prise : la Grapeliner n’est pas polyvalente mais « à usage unique ». « D’après une étude mondiale que nous avons réalisé, la polyvalence des machines reste confinée à certains vignobles et a plutôt tendance à diminuer », poursuit celui-ci.
Pour prendre des parts de marché à ses concurrents, le groupe mise sur le développement de son réseau de distributeurs français, travaille à la fidélisation des concessionnaires et, chose essentielle, à soigner le service après-vente : « Ce n’est pas parce que l’usine est en Allemagne que nous n’avons pas un service de dépannage de pièces détachées de qualité, se défend Thomas Junck. Nous travaillons à l’échelle régionale, contrairement aux autres qui sont plus au niveau national. Grâce au technicien présent en France et un approvisionnement rapide, nous assurons une livraison en moins de 24 heures !».
La machine Ero-Grapeliner 6.000 se positionne sur le marché « haut de gamme », avec donc un investissement important à la clé, de l’ordre de 200.000 à 300.000€. Le constructeur argumente donc auprès de sa clientèle sur la « fiabilité » et la « qualité de finition » de sa machine.
Et si le marché français peine à se développer, il restera toujours au groupe Ero la vente de ses nombreuses autres machines: rogneuses, palisseuses, effeuilleuses, prétailleuses, qui demeurent encore le moteur principal de son activité. Entre 3.000 et 4.000 sont fabriquées et vendues par an dans le monde. Quant à la machine à tirer les bois lancée en 2011, sa commercialisation connaît plus de difficultés à "percer" le marché français, notamment à cause de sa concurrente Provitis. Mais ce n’est pas l’unique raison : « Le changement de méthode de palissage nous donne du fil à retordre », reconnaît le responsable commercial.
Crédit photo : ERO (Mickaël Erbach, actuel PDG du groupe ERO)