l'époque où la Chine était vue comme un « El-dorado » pour les vins de France en général, et de Bordeaux en particulier, des Cassandre soulignaient les risques d'un marché immature sur lequel pèserait rapidement le manque de structuration des réseaux chinois de distribution. Le manque de professionnalisme de ce marché émergent était personnifié par une flopée d'entrepreneurs opportunistes, comptant bien mettre à profit ce développement exponentiel. La politique anti-ostentatoire gouvernementale étant passée par là, les ventes de vins ont marqué le pas en Chine. Contre-coup d'une croissance désorganisée, d'importants stocks de vins (notamment bordelais, mais aussi espagnols) pèsent désormais sur les distributeurs chinois. Une mauvaise passe qui a poussé certaines entreprises à réduire leurs frais commerciaux en licenciant des commerciaux. D'autres ont choisi de diminuer les salaires de cadres supérieurs « à une niveau rationnel », ce qui a eu pour conséquence une vague de démissions selon un article du site chinois CNFood (traduit par la Chambre Française du Commerce de Pékin).
Le Beijing Business Today illustre cette tendance avec les sites de ventes en ligne Zhongjiu (qui a perdu coup sur coup son directeur d'opérations, Li Gang, et son vice-président, Wang Hao) et le distributeur ASC Fine Wines Holding Ltd (quitté par des cadres inquiets d'effectifs écrémés depuis le rachat par le japonais Suntory). D'après l'enquête du journal pékinois, une véritable bulle des salaires vient d'éclater pour les directeurs marketing et commerciaux des distributeurs, passant d'une moyenne mensuelle de 30 000 yuans à moitié moins. Le journaliste rapporte même que cette conjoncture est « une bonne occasion d’éliminer la bulle de rémunérations artificiellement élevée », les distributeurs ayant débauché des commerciaux d'autres secteurs à prix d'or pour s'adapter, « ces augmentations ont dépassé la capacité d’adaptation des entreprises sur une longue période ».
Si moins de vins sont vendus en Chine, il y pousse de plus en plus de salons note ironiquement la critique anglaise Jancis Robinson MW. En témoigne le salon Prowine, l'alter-ego chinois du salon allemand Prowein, qui vient de fermer ses portes et fait état d'une deuxième édition satisfaisante, « malgré les difficiles changements connus par le marché chinois cette dernière année », grâce à la volonté de professionnalisation du réseau de distribution chinois.
[Photo : ChinaDaily]