Entretien du sol

Un enherbement oui, mais peu concurrentiel

l’occasion de la dernière édition de Tech & Bio qui se déroulait les 8 et 9 septembre dernier à Loriol, dans la Drôme, les organisateurs avaient mis en place un atelier ‘enherbement de la vigne’, conférence et démonstrations à l’appui. Retour sur le sujet.
Limiter le ruissellement permet de réduire les risques d’érosion, maintient la structure des sols viticoles, abaisse le transfert des pesticides et recharge le stock d’eau du sol. Certaines pratiques sont réputées pour avoir une influence sur la limitation du ruissellement : l’engazonnement, les mulchs, le travail du sol et l’enherbement naturel maîtrisé par herbicide post-levée.
Mais aujourd’hui, les normes réglementaires, la pression environnementale et le coût des produits phytosanitaires tendent à diminuer fortement l’utilisation des herbicides. Par ailleurs, l’entretien des vignes par le travail du sol est un poste coûteux en temps et en énergie.

L’enherbement, naturel ou semé, est une option
moins coûteuse qui se développe dans
les vignobles, principalement dans l’inter-rang. (© CZ)
L’enherbement, naturel ou semé, est une option moins coûteuse qui se développe dans les vignobles, principalement dans l’inter-rang. Il permet en plus de diminuer l’érosion, d’améliorer la portance et la structure du sol, de favoriser la pénétration des eaux de pluie dans le sol plutôt que son ruissellement, et de jouer le rôle de filtre vis-à-vis des produits phytosanitaires.
Attention à la concurrence Cette couverture végétale n’est pas ou très peu préjudiciable à la vigne lorsqu’elle est limitée à un rang sur deux. Mais en cas d’enherbement de tous les rangs, elle peut entrer en concurrence avec la vigne pour l’eau et l’azote. Afin de répondre à ces problématiques, des essais sont menés sur la recherche d’espèces à la fois peu concurrentielles pour la vigne et peu poussantes, pour diminuer les interventions liées à leur entretien.
L’enherbement total (rang et inter-rang) de la vigne est à l’étude dans le Sud-Ouest de la France. L’Institut français de la vigne et du vin (IFV) s’est engagé dans un programme visant à mettre au point des stratégies d’entretien du sol sans herbicide (lire ici).
Certaines zones sont par ailleurs plus difficile à gérer que d’autres. C’est notamment le cas pour l’entretien des sols des vignes situées sur des coteaux à forte pente et non-mécanisables présente peu d’alternatives au désherbage chimique en plein. Cependant, depuis trois ans, la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales mène des essais d’enherbement de l’inter-rang sur les coteaux de Banyuls (lire ici).

Choix de l’espèce : les préconisations de la Chambre d’agriculture de Vaucluse *Le ray-grass anglais, très facile à installer, assure une bonne couverture du sol les premières années, mais il est, à terme, colonisé par les adventices. Sa concurrence vis-à-vis de la  vigne est moyenne. Il nécessite moins de tontes que la fétuque élevée.
*La fétuque rouge demi-traçante et le pâturin sont plus difficiles à installer, ce qui décourage certains vignerons. Leur concurrence vis-à-vis de la vigne est semblable  à celle du ray-grass anglais de même que leur pousse. Le pâturin a une bonne longévité.
*La fétuque élevée, assez facile à installer, assure une très bonne pérennité, mais entraîne une forte concurrence vis-à -vis de la vigne. À réserver aux parcelles très vigoureuses pour un effet rapide et aux tournières pour sa bonne résistance aux passages des engins. Elle nécessite un nombre de tontes plus important que le ray-grass.
*Des mélanges intéressants (ray-grass anglais/fétuque rouge…) sont proposés par les distributeurs. Dans les sols maigres, les médics (luzernes annuelles) peuvent être implantées dans un objectif d’entretien et de couverture du sol. La concurrence vis-à-vis de la vigne est très limitée  car elles ne prélèvent pas ou peu l’azote du sol. Le re-semis à l’automne est, par contre, parfois aléatoire.
*Les céréales sont une alternative à l’enherbement spontané impliquant un semis annuel avec une tonte avant épiaison. Leur concurrence reste faible. Elles garantissent une bonne portance durant toute la saison.
Source : Info Viti n° 39