'intoxication aux produits phytosanitaires d'élèves de l'école de Villeneuve-de-Blaye aura été un électrochoc. Si les traitements viticoles à son origine ont été réalisés au mépris de la législation (vents supérieurs à 19 km/h) et du bon sens (au moment de la récréation...), le constat reste sans appel pour les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture, le constat est sans appel : la réglementation encadrant actuellement les traitements phytopharmaceutiques ne permet plus de répondre aux enjeux de l'urbanisation rurale, qui grignote le territoire agricole (-2 millions d'hectares entre 1981 et 2012) et met en place de nouvelles cohabitations. Se réunissant cette semaine pour préparer la deuxième lecture du projet de loi d'avenir agricole*, la Commission des Affaires Economiques vient de retenir un amendement gouvernemental destiné à « mettre en place des mesures de protection destinées à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques à proximité de certains lieux sensibles : les écoles, les crèches et les bâtiments de soins comme les hôpitaux ou les maisons de retraites ».
En pleine campagne de mise au point, le ministère de l'Agriculture détaillait la semaine dernière ces dispositifs de protection : « haies, buses anti-dérives, dates et horaires d’utilisation des produits, etc. », précisant que ce n'était qu'en « l’absence de mesure de protection adaptée, [qu'une] distance minimale d’utilisation sera à respecter » et qu'il « n’a jamais été question d’interdire cette utilisation à 200 mètres des habitations ». Ces prises de position n'empêchent pas les agriculteurs français de critiquer d'avance ces mesures, craignant une nouvelle complexification réglementaire. Donnant écho à ce malaise, la Coordination Rurale regrettait récemment « un harcèlement du quotidien favorisé par une politique d'urbanisation des campagnes », à l'occasion d'un arrêt de la Cour de Cassation donnant raisons à des habitants se plaignant de « troubles anormaux du voisinage » causés par l'activité d'une exploitation agricole.
* : le texte a été adopté par l'Assemblée Nationale en janvier 2014, puis modifié par le Sénat en avril. La deuxième lecture par l'Assemblée Nationale se déroule ces 7 et 8 juillet.
[Photo : vignes citadines à Blanquefort (Alexandre Abellan)]