Le marché mondial des vins a connu deux chocs ces dernières années. Le premier est la crise financière, qui a changé substantiellement les Taux de Change Réels* et a conduit à la chute momentanée de la consommation de vins des marchés traditionnels (suite à la chute du niveau de vie). Le second est le rapide développement économique de la Chine (et d'autres pays asiatiques) » résumaient les économistes australiens Kym Anderson et Glyn Wittwer dans le Journal de l'Association des Economistes Américains du Vin. Si le développement spectaculaire de la consommation chinoise ne cesse d'exciter l'intérêt de la filière des vins, les répercussions des taux de change restent peu abordés. Et ce malgré leur effet avéré. Président de l'interprofession des vins de Beaujolais, Bruno Mallet estimait ainsi que pour les expéditions de vins français, « la parité entre l'euro et la monnaie japonaise est un handicap avec un yen aussi bas » (pour en savoir plus, cliquer ici).
Avec « des taux de change loin d'être cohérents avec l'inflation » pour la Rabobank, l'Argentine s'intéresse logiquement aux effets de ce paramètre macro-économique sur la compétitivité des vins à l'export. Lors du neuvième forum international vitivinicole de Mendoza (Argentine), Kym Anderson expliquait ainsi à une audience attentive que « ces effets sont liés au choix des 80 principaux pays dans le monde d'utiliser un taux de change variable et la mondialisation des échanges de vins » (avant 1990, moins de 15 % des vins étaient exportés, 40 % des volumes le sont désormais). Selon lui, les exportations des pays de Nouveau Monde Viticole ont globalement pâti de TCR défavorables, contrairement aux pays européens (qui pâtissaient par contre d'une consommation domestique en berne). D'après le modèle des deux chercheurs, l'Australie a été la plus touchée en terme de perte de compétitivité. « Bien plus que les autres pays de l'Hémisphère Sud sur la période 2007-2012 » juge Kym Anderson (photo). La surévaluation du dollar australien serait principalement dû aux importations chinoises de minerais et ressources naturelles australiennes.
* : le TCR est le taux de change nominal entre deux monnaies corrigé de l'inflation des prix.
[Photo de Kym Anderson : GWRDC]