epuis le début de l'année, la question du modèle viticole argentin est posée. De manière de plus en plus accrue avec le repli de ses exportations de vins en volume, notamment en vrac. Si en 2012 l'Argentine comptait pour 3 % des exportations mondiales de vins en volume, elle expédiait essentiellement du vrac vers les Etats-Unis. Avec les bonnes vendanges californiennes et le repli mondial du vrac, la donne a changé. A gros trait, le pays semble désormais à la croisée des chemins, devant choisir entre la performance économique et la réinvention de sa filière. Le dernier rapport de la Rabobank se penche notamment sur la difficulté argentine de développer l'image de ses vins alors qu'il lui faut regagner en compétitivité sur les entrées de gamme. « Les coûts de production ont doublé ces quatre dernières années » et « les taux de change sont loin d'être cohérents avec l'inflation » note Valeria Mutis, analyste à la Rabobank.
La diversification des marchés argentins à l'export (avec notamment le développement en valeur des marchés canadiens et chinois) appuie le développement d'une production de vins plus différenciés, passant par les cépages identitaires (comme le malbec). Mais le développement des segments moyen et haut de gamme témoigne de l'inadéquation de la filière argentine actuelle avec ses prétentions de valorisation. La croissance des expéditions embouteillées a ainsi l'effet pervers d'un manque chronique de bouteilles, particulièrement aigu ce mois d'octobre selon les informations d'Area del Vino.
Si les perspectives à l'export restent incertaines, le développement de la consommation domestique permet à la filière argentine de souffler, voire de compenser le repli des expéditions. Sur les huit premiers mois de l'année 2013, 924 500 hectolitres de vins ont été consommés par les argentins. Soit une augmentation globale de 2,3 % par rapport à l'an passé, tandis que les vins de cépage montrent à eux seuls une augmentation de 6,7 % . Toujours d'après l'Institut National de la Vitiviniculture, les exportations argentines s'élevaient sur la même période à 308 859 hl, en chute de 11 %. Toutefois « le marché intérieur reste limité, alors que le développement des exportations est la clé de notre croissance » déclarait récemment Ángel Vespa, le gérant du domaine Chandon (Mendoza) à Area del Vino.
[Photo : ligne d'embouteillage, Wines of Argentina]