epuis le début 2011, la situation est franchement morose pour la filière viti-vinicole australienne. Alors que la consommation domestique se détourne des vins australiens, les volumes exportés ne cessent de diminuer (pour en savoir plus sur ce constat, cliquer ici). Ces tendances sont principalement dues aux taux de change élevé du dollar australien par rapport à la livre, au dollar américain et à l’euro. La force du dollar australien viendrait notamment du boom des exportations minières de l’Australie. Elle place les vins étrangers dans une position concurrentielle favorable, autant sur les marchés extérieurs que sur le marché domestique australien. La hausse de la production sur le millésime 2011 (+1 %), constatée sans avoir été prévue, pourrait donc se traduire par un engorgement des stocks à la propriété faute de débouchés (pour lire le rapport Vitisphere de ces dernières vendanges, cliquer ici).
Certains vignerons australiens se plaignent d’une structure en double étage de leur filière. Selon eux les artisans-vignerons soucieux de la qualité de leurs produits pâtiraient de confrères aux méthodes industrielles, obnubilés par la quête d’un retour rapide sur leurs investissements. Ils seraient ainsi à l’origine d’un cercle vicieux tirant les prix vers le bas, au grand dam de toute la profession. D’autres vignerons sont décidés à trouver des solutions durables à ce problème persistant. Une première réponse trouvée a été de privilégier les exportations de vins sous forme de vrac (pour plus de détails à ce sujet, cliquer ici), mais d’autres préfèrent carrément se détourner de leurs clients traditionnels.
Alors que les parts de marchés des vins australiens déclinent auprès de leurs premiers clients (- 6 % en volume au Royaume-Uni durant le dernier exercice, et - 19 % pour les Etats-Unis), leur implication sur les marchés asiatiques augmente (+ 12 % en Chine, la croissance étant également notable au Japon, à Hong-Kong et Singapour). Comme le déclarait Christina Tulloch (directrice générale de Tulloch Wines, Hunter Valley) à la BBC : « nous n’exportons plus nos vins aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Nous savons que nous pouvons pas résister à la concurrence en prix et en volume qui s’y joue. Par contre l’Asie nous offre de nombreuses opportunités. Ne serait-ce que parce que l’on y trouve l’idée reçue que les vins australiens ont un prix modique et sont conviviaux. »
L’orientation commerciale de l’Australie vers ses plus proches voisins a été annoncée récemment par le premier ministre australien Julia Gillard. Confiante dans le futur, elle déclarait que « ce que nous constatons actuellement dans l’économie australienne, c’est le résultat d’un basculement des forces économiques de l’occident vers l’orient, c’est à dire notre partie du monde. Et cela nous offre de nombreuses opportunités pour répondre à la demande croissante de la région asiatique et de sa classe moyenne. »