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Les pépiniéristes viticoles face à la crise : "la question est de savoir si l’on a encore l’argent pour mettre en terre l’année prochaine"
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Dans le dur
Les pépiniéristes viticoles face à la crise : "la question est de savoir si l’on a encore l’argent pour mettre en terre l’année prochaine"

Ils sont soumis à rude épreuve par les incertitudes pesant sur l’avenir des marchés, craignant les déséquilibres entre l’offre et la demande, ils craignent la concurrence étrangère et voient des surtranspositions françaises menacer leurs productions… Ce sont ? Non pas les vignerons, mais leurs pépiniéristes : qui font destin commun à l’heure de la crise viticole.
Par Alexandre Abellan Le 09 décembre 2025
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Les pépiniéristes viticoles face à la crise :
Rencontre avec Pierre Millet, Christophe Raucaz, Fanny Mey et Giovanni Varelli à l’occasion du salon Sitevi 2025 à Montpellier. - crédit photo : Alexandre Abellan
S

i la vendange française touche un niveau historiquement bas en 2025 avec 36,2 millions d’hectolitres de vins produits, les mises en œuvre en pépinières viticoles n’ont jamais été aussi faibles ce millésime avec 158,3 millions de plants de vigne : soit -19 % par rapport à l’année dernière et -28 % par rapport à 2023 d’après les dernières statistiques de FranceAgriMer (voir encadré). « C’est historiquement bas, un record » constate amèrement Giovanni Varelli, le président de la marque collective Vitipeps, se souvenant encore des 240 millions de greffés soudés mis en œuvre 2022. Confirmant les stratégies d’arrachage primé, les pépiniéristes réduisent la production de cépages pour les vins rouges (notamment de Bordeaux et de la vallée du Rhône) et les eaux-de-vie (l’ugni blanc de Cognac). « Il y a une adaptation de la production pour être en phase avec la demande. Tout le monde est très prudent » résume Christophe Raucaz, le président Fédération Française des Pépiniéristes Viticoles (FFPV). « Tous les cépages emblématiques sont moins greffés car moins demandés » ajoute Giovanni Varelli.

On a répondu à la demande de l’année, on ne peut pas dire ce qu’elle sera l’année prochaine

« L’investissement pour un hectare de pépinière est toujours plus important, comme les avances. C’est compliqué quelle que soit la taille » souligne Christophe Raucaz, qui souligne malgré tout des signaux positifs avec des niches comme les cépages patrimoniaux et oubliés. « On subit la crise. Nos trésoreries sont mises à mal, on ne peut pas se permettre de se lancer en production et de greffer des plants s’il n’y a pas de demande en face » précise Giovanni Varelli, qui reste prudent sur les tendances actuellement plus porteuses sur certains cépages blancs (comme le vermentino, voir encadré) : « ça peut s’effondrer du jour au lendemain. Tout équilibre peut rapidement se déstabiliser… Il suffirait que les vignerons charentais ne distillent pas leur production et inondent le marché de vins blancs. Tout est très fragile. On a répondu à la demande de l’année, on ne peut pas dire ce qu’elle sera l’année prochaine, alors qu’il nous faut de la visibilité pour produire des plants un an à l’avance. »

Et le lent engouement au démarrage de la viticulture français pour les variétés résistantes ne permet pas encore de se projeter sur cette offre nouvelle. « Il y a une réelle attente sur les [vignes résistantes issues de] cépages emblématiques pour les AOC, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain » note Giovanni Varelli, pour qui « les viticulteurs ne peuvent qu’être qu’emballés par une offre réduisant les intrants » tout en conservant la typicité des appellations d’origine.

Zone crise

S’adaptant à la baisse de la demande, les pépiniéristes enregistrent-ils une perte de production structurelle ou conjoncturelle ? « Le côté réversible ou non de la baisse de production dépendra de la durée de la crise » analyse Pierre Millet, le trésorier de la FFPV, pour qui « si l’on reste à 120 millions de mises en œuvre pendant plusieurs années, on ne pourra pas remonter d’un coup à 200 millions si la demande augmente d’un coup. Il faut du temps pour remobiliser et réinvestir. » Car si de l’extérieur le cycle de production des pépiniéristes est annuel, son dimensionnement demande plus d’anticipation. Ce qui est inimaginable actuellement, alors que le flou pèse sur l’avenir de la filière viticole, où l’on parle plus arrachage que plantation.

Demandant au gouvernement que la pépinière viticole puisse s’adosser au plan de sortie de crise de la filière vin (notamment pour les prêts de restructuration de la dette et les exonération de charges sociales et foncières), Christophe Raucaz prévient que « La souveraineté française d’obtention viticole est mise en difficulté. Si demain les pépiniéristes ne sont plus en capacité de produire suffisamment, cela ouvre la porte à un matériel végétal étranger moins sécurisé ». Le président de la FFPV pointant que la filière française demande aux autorités nationales un plan de surveillance sur tout le matériel végétal arrivant en France : « il y a des disparités entre pays européens sur le plan réglementaire, sur l’analyse et sur l’application des texte. Dans une période compliquée, il faut être en soutien des professionnels » plaide Christophe Raucaz.

Nos traitements sont efficaces

Cherchant à valoriser les exigences françaises sur la sécurité sanitaire des plants de vigne, la FFPV ne veut pas de nouvelles surtranspositions alors qu’un nouvel arrêté flavescence dorée est préparé par le ministère de l’Agriculture. Demandant une simplification immédiate des procédures et déclarations administratives actuelles, les pépiniéristes ne veulent pas de remise en cause de l’efficacité de leurs traitements insecticides des vignes mères de porte-greffes. Issue d’essais remis en cause pour leur méthodologie comparative, cette conclusion paverait la voie à un recours systématique au traitement à l’eau chaude. « Cela fait plus d’une dizaine d’années que l’on fait des prospections et que l’on sait que nos traitements sont efficaces : les chiffres sont là, il n’y a pas de flavescence dorée » clame Giovanni Varelli, qui conteste également la proposition administrative de créer des unités parcellaires englobant plusieurs parcelles de greffons et porte-greffes, ce qui compliquerait le suivi et massifierait les traitements sans nuance.

« Leurs demandes ne correspondent pas à la réalité. Nous nous y opposons formellement » résume Christophe Raucaz, qui rapporte la « lassitude de la part des professionnels qui sont à bout de souffle. Nous faisons des efforts et chaque année il y a une refonte réglementaire. On ne peut pas continuer à nous asphyxier alors que le système a prouvé ses bons résultats. » Changer des méthodes qui fonctionnent n’a pas de sens renchérit Giovanni Varelli, pour qui « la question est de savoir si l’on a encore l’argent pour mettre en terre nos pépinières l’année prochaine, pas de savoir si l’on peut se compliquer la vie avec de nouvelles contraintes inutiles. »

Statistiques cuvée 2025 de la pépinière

FranceAgriMer recense 690 professionnels de la pépinière viticole, en chute de 16 % en 5 ans et de 36 % en 15 ans. Les pépinières déploient 3 637 ha de vignes-mères en France : à 56 % des vignes-mères de porte-greffes (2 045 ha, -11 % en un an) et 40 % de vignes-mères de greffon (1 592 ha, -2 % en un an). La pépinière française a produit 137,1 millions de greffés soudés (à 98,5 % en pépinière traditionnelle, -21 % un an, et à 1,5 % en pot, -29 % un an), 20,3 millions de plants reportés (le double par rapport à 2023) et 800 000 racinés.

Le top 3 des cépages mis en œuvre en France en 2025 est dominé par le chardonnay (25 millions de plants, -9 %), le pinot noir (15 millions de plants, -8 %) et le sauvignon blanc (12 millions de plants, -21 %). Viennent ensuite la syrah (8 millions de plants -11 %), l’ugni blanc (7 millions de plants, -63 %),, le grenache (7 millions de plants -16 %), le merlot (6 millions de plants -18 %), le cabernet sauvignon (6 millions de plants, -32 %), le vermentino (5 millions de plants +6 %) et le cabernet franc ‘4 millions plants, -30 %), le gamay (4 millions plants, -26 %), le chenin (3 millions de plants, -19 %).

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max le caviste Le 09 décembre 2025 à 15:44:38
c est toute la filière qui est impactée ,les cavistes aussi subissent la baisse de consommation. C est surtout civilisationnel un changement de culture imposé par les hygienistes.
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