e plan de crise viticole nouveau est arrivé. S’il ne sent pas la banane, il semble s’être banané dans sa réception et sa compréhension par les vignerons, dont les réactions restent aussi interrogatives que circonspectes sur la mise en œuvre des 130 millions € sur l’arrachage définitif, les 15 millions € d’allégement de charge, la demande de distillation financée par la Commission européenne, la refonte des prêts de restructuration... Pourtant, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a mis le paquet avec une présentation à la filière en amont du salon Sitevi ce lundi 24 novembre, une pleine matinée d’inauguration à Montpellier le lendemain et même du temps pour un grand entretien avec Vitisphere (avant une réception du plan des sénateurs le soir-même). Restent pourtant de nombreuses conditionnalités : il y a beaucoup de si dans ce plan de crise. Si 130 millions € sont annoncés pour l’arrachage, il faut que le projet de loi de finances pour 2026 soit voté et il y a le flou né d’un phasage des fonds entre 70 millions € disponibles début 2026 et le tempo pour l’utilisation du solde. Visant 30 à 40 millions €, la demande de financement européen de la distillation de crise ne reçoit pas de veto du commissaire européen Christophe Hansen, mais rien n’est acquis tant que ce n’est pas acté. Il y a aura un séquençage 2025-2026 des allégements de charges (MSA et taxe foncière) et il faut remettre sur l’ouvrage les modalités de consolidation des encours avec l’administration et les réseaux bancaires. Bref, il y a de nombreuses conditions et délais avant que ce plan ne rentre pleinement en action. C'est curieux, chez les plans du vin, ce besoin de faire des phases…
De quoi donner l’impression qu’il y a plus eu un plan d’annonces qu’une annonce de plan grincent ceux qui démonétisent la parole publique. Pour ceux croyant dans l’engagement de l’État, il n’y a pas de doute : ce qui est dit sera fait. En attendant les prochaines étapes de ce plan conjoncturo-structurel, le constat partagé par tous reste que ces mesures ne vont pas suffire. Si la détresse de la filière, plombée par ses surstocks et ses dévalorisations, impose une restructuration, ce n’est pas la réduction de l’offre qui va relancer la demande entend-on de toute part. Moments de retrouvailles et de communion, les salons témoignent de la volonté de trouver des solutions : le salon Sitevi a fait raisonner visiteurs et exposants sur l'innovation et l'adaptation, avec un écho positif des marchés depuis le salon Wolrd Bulk Wine d'Amsterdam où l'espoir semble naître du tournant commercial qui se profile avec un rééquilibrage de l'offre et de la demande permettant de revaloriser les prix. Il demeure qu'en France le manque de visibilité plombe les perspectives des opérateurs, qui craignent plus que tout le grand méchant flou. Si les idées ne manquent pas pour nourrir les débats et propositions, pour l’aide aux vignerons comme pour le soutien à la commercialisation, il faut passer du plan à l’action. Sinon, on peut craindre une nouvelle cuvée de plan de crise en 2027, ou dès 2026, ce qui préparerait entre temps des migraines et des nervous breakdown.




