e 25 novembre, lors d’une conférence dédiée aux ravageurs émergents organisée dans le cadre du salon Sitevi à Montpellier, Nicolas Constant, référent bio à l'Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) a annoncé que Cryptoblabes gnidiella (également appelé pyrale du Daphné) a récemment été détecté dans le Bordelais. Cette découverte émane de Lionel Delbac, chercheur à l’Inrae de Bordeaux (UMR SAVE) qui suit les ravageurs émergents et travaille sur la modélisation du risque cryptoblabes. « Nous l’avons détecté entre le 2 octobre et le 7 novembre 2025 dans un piège sexuel spécifique à Cryptoblabes situé sur le campus INRAE de la Grande-Ferrade, dans une parcelle de vigne de notre Unité Expérimentale Vigne Bordeaux. Nous avons observé 4 mâles en tout », explique le chercheur qui a confirmé par des observations morphologiques et anatomiques qu’il s’agissait bien de cryptoblabes.
En effet, ce ravageur est très difficile à reconnaître comme l’a expliqué Jean-Claude Streito, chercheur INRAE au Centre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP), lors de la conférence au Sitevi, car les papillons et les chenilles ressemblent à celles d’autres espèces, d’où de nombreuses confusions possibles. S’agit-il d’une détection ponctuelle liée à une introduction accidentelle ou est-ce que cela témoigne d’une installation du ravageur dans le vignoble ? « Bonne question, répond le chercheur… Ce n’est pas une seule capture. C’est à 3 dates avec 1 mois d’écart, ce qui me fait penser que c’est plus un début d’installation, mais pas certain ! Je vais suivre de plus près cela dès 2026. Cela peut venir d’individus présents sur du raisin de table commercialisé ou de grenades importées. En tout cas, la présence la plus proche de Bordeaux était à 10 km à l’est de Carcassonne en 2024, soit 300 km à vol d’oiseau ».
Pour en avoir le cœur net le chercheur a prélevé des grappes autour de la zone de détection, mais n’a pas constaté de dégâts de l’insecte. Et il n’a pas eu de retours de la part de vignerons ou de conseillers concernant d’éventuels dégâts dans le vignoble. Mais en 2026 il va augmenter la surveillance du ravageur. « Personnellement sur le site INRAE je vais suivre de plus près les populations sur grappes. Je croiserai cela avec mes pièges du réseau participatif OVNI ((Observatoire des insectes nuisibles endémiques ou invasifs du vignoble) », précise Lionel Delbac qui a informé les 60 partenaires de ce réseau OVNI - dont 5 sont en Gironde - de cette découverte.



