lus le temps passe, moins ça passe pour la réduction drastique des autorisations et modalités d’utilisation des solutions cupriques dans le vignoble par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). « On peut se poser des tas de questions sur le cuivre, mais nous pensons que les dernières décisions de l'ANSES ne sont pas logiques » pose Julien Franclet, le président de l'interprofession des vignerons bio de la région occitanie (SudVinBio, réunissant 1 100 vignerons et 45 metteurs en marché), pointant lors d’une visioconférence de presse ce 18 novembre que « ça peut vraiment porter un coup d'arrêt aux conversions ». Car « sans l'usage du cuivre, les vignerons bio se retrouvent dans une impasse technique et les vignerons conventionnels se retrouveront avec davantage de produits chimiques de synthèse » indique l’œnologue gascon, rappelant que l’utilisation de cuivre contre le mildiou « n'est pas spécifique à l'agriculture biologique. Il faut savoir qu'en France, 85% des vignes reçoivent du cuivre. »
Concrètement, il faut « sanctuariser l’usage du cuivre tant que la profession n'a pas de moyens pour valider la substitution du cuivre » résume Julien Franclet, qui le reconnait : « on sait que les produits qui sont passés à l'ANSES au mois de juillet sont perdus et qu'il y a peu de chances que les appels aboutissent. Ce qu'on demande à l'État français et à l'ANSES, c'est vraiment de protéger les produits à base de cuivre tant qu'il n'y a pas de solution qui soit techniquement et économiquement viable pour la profession. »
En l’état, et avec la perspective de futures restrictions sur les cuivres actuellement épargnés, il sera difficile d’atteindre les objectifs de développement de l’Agriculture Biologique fixés par les pouvoirs publics. « C’est un véritable levier de la transition agroécologique* avec des objectifs chiffrés bien définis, à l'échelle française nous avons un objectif de Surface Agricole Utile (SAU) de 18 % en 2027, mais aussi européen avec 25 % de la SAU en 2030, c’est-à-dire demain » indique Olivier Goué, le directeur de SudVinBio.
Un impact sur les conversions et un risque de déconversion
Alors que les tensions entre offre et demande de vin bio pèsent déjà sur les perspectives de développement, « la crainte est que si l’on dit demain aux agriculteurs qui voudraient se convertir (40 % des gens veulent s'installer en agriculture biologique) que techniquement il n'y aura plus de cuivre et qu'ils vont perdre récolte sur récolte, qu'ils ne pourraient pas vivre de leur métier, ces gens-là vont arrêter l'agriculture » souligne Julien Franclet. « Ça aura un impact très grand sur les conversions, mais il y a également un risque de déconversion en cas d'impasse technique » ajoute le président de SudVinBio.
* : « Il est important de rappeler que l'agriculture biologique est un modèle de production vertueux au service de l'environnement et de la société. C'est une agriculture qui procure de nombreux bénéfices, notamment sur la qualité de l'eau » déclare Olivier Goué, détaillant que « l'agriculture biologique permet de réduire les investissements sur la dépollution de l'eau et également sur les frais de santé. C'est tout ce que nous appellerons les aménités positives du bio. Ces éléments ont été en effet confirmés par un rapport de la Cour des comptes française en juin 2022, mais aussi par la Cour des comptes européenne en septembre 2024. »




