rande muette, la gendarmerie prend rarement la parole : mais si cela peut inciter d’aussi taiseux qu’elle dans le vignoble à témoigner pour arrêter des voleurs… Sur les réseaux sociaux, les enquêteurs de la communauté de brigades de Segonzac (Charente) annoncent qu’« en l’espace d’une semaine, un viticulteur de Lignières-Ambleville a été victime de deux vols successifs portant sur plusieurs centaines de piquets galvanisés de vigne, des dizaines de rouleaux de fil de fer et une grande quantité d’ancrages ». Une surveillance ciblée a permis de remonter au voleur et au ferrailleur auquel il revendait les 2,5 tonnes de piquets galvanisés volés. Connus de la justice pour des faits similaires, ces deux membres de la communauté des gens du voyage sont désormais convoqués par le tribunal d’Angoulême en Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité (plaider coupable).
Permettant au vigneron volé de récupérer 2 800 € de matériels de plantation, cette conclusion rapide est due à « la réactivité, des enquêteurs comme de la victime » souligne la gendarmerie. Qui reste en éveil, la flambée du cours des métaux poussant des malfaiteurs à convoiter les matériaux des exploitations charentais. « Il faut être gonflé pour voler sur une exploitation… » soupire un viticulteur charentais, relevant « voir de plus en plus de gens qui ne sont pas les propriétaires des parcelles arrachées qui viennent trier le métal dans les tas de vignes. Soit la vigne est vue comme une nouvelle ressource de métal, soit des vignerons se mettent au développement durable pour trier et recycler comme les fonds manquent. »
« Un vol n’est jamais un épiphénomène » recentre Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC (UGVC). Pour le viticulteur de Saint-Bonnet-sur-Gironde (Charente-Maritime), soulignant une forme de « saisonnalité des vols » avec des « commandes effectuées » pour des vols de batteries, de gazole, de piquets, de cuivre d’alambic, d’éoliennes antigel… « Dans un contexte d’inflation, certains ont l’envie de se fournir dans ce qui est à l’air libre » explique Anthony Brun, soulignant l’intérêt des conventions signées entre la filière et les gendarmeries de Charente et Charente-Maritime pour mieux réagir aux cols.
Vols de cuivre
Judiciairement, d’autres affaires sont ouvertes pour des vols de cuivre dans des distilleries : avec cambriolage et découpe à la scie sauteuse de col de cygne… La difficulté pour la gendarmerie étant d’avoir les informations sur ces vols le plus rapidement possible afin d’intervenir. Le vignoble charentais étant taiseux. Et son négoce également, les affaires d’escroquerie en ligne ne remontant pas toujours face à la honte d’avoir envoyé une commande importante à des malfrats ayant usurpé l’identité d’un client habituel.



