e fabricant marnais Collard continue de creuser son sillon. L’an dernier, il avait développé pour ses rogneuses l’option Isobus afin qu’elles apparaissent automatiquement à l’écran et que l’on puisse les commander depuis le joystick dans les tracteurs équipés de cette même norme. Mais il restait au chauffeur à refaire les réglages d’écartement entre les rangs, d’épaisseur de rognage, etc., à chaque fois qu’il entrait dans une parcelle conduite différemment de la précédente. Ce temps est révolu.
Photos Rédaction La Vigne
« Nous avons équipé nos vérins hydrauliques de capteurs de position, si bien que nous pouvons enregistrer cette donnée selon différents réglages, explique Yannick Collard, président de l’entreprise, sur son stand au VITeff. Le chauffeur peut mémoriser les réglages qui correspondent à ses différentes parcelles. Il n’a plus à les refaire. » Une nouvelle option dont Collard dévoilera le prix au Sitevi.
Chez Ravillon, l’assistance au chauffeur prend d’autres tournures. Ce concessionnaire a équipé deux enjambeurs d’une grande maison de champagne – dont il préfère taire le nom – d’un autoguidage par GPS RTK. Un progrès dû à l’arrivée d’antennes GPS qui corrigent le dévers. Prix : 15 000 €.
L’exposant vantait aussi l’arrivée sur les enjambeurs New Holland TE 6 de la fonction HTS II, qui gère les séquences de bout de champ. « En appuyant sur un seul bouton, la rogneuse s’arrête au passage du dernier piquet, ensuite les outils de travail du sol se relèvent, à leur tour, au même endroit », explique Jean-Baptiste Thiébault, responsable commercial New Holland. Une innovation en lice au concours du Sitevi.
Mais l’automatisation n’est pas la solution à tout. Ravillon exposait aussi le nouveau Zilus HD de Sabi Agri. « HD » pour Human drive. Contrairement au premier Zilus, ce n’est pas un robot, mais un enjambeur conduit par un chauffeur. Sabi Agri a dû se faire une raison. « La législation est trop restrictive pour que le robot se développe en Champagne », explique Alexandre Lepointe, expert produits viticulture Ravillon. Ce Zilus est pensé pour les vignes en coteaux. « Il attaque des pentes de 60 %, assure l’exposant. Avec son train de chenille sur pivot central, il suit toutes les déformations du sol. Quand vous arrivez en haut d’une pente, il se remet à l’horizontale avec souplesse. » Une machine qui développe l’équivalent de 70 ch et offre 10 à 12 heures d’autonomie. « Son coût d’utilisation est cinq fois inférieur à celui d’un enjambeur thermique équivalent », assure Alexandre Lepointe. Prix : 130 000 à 140 000 €.
Mat’vert exposait un autre enjambeur sur chenilles destiné aux vignes en pente, le Qrea SC 63, importé d’Italie. « Il développe 65 ch, explique Olivier André, responsable commercial. Il est pensé pour emporter deux outils. Il est équipé d’une pompe hydraulique de 60 l/min avec un diviseur pour emmener soit un gros broyeur, soit deux interceps, et d’une pompe de 20 l/min pour les vérins. » Trois caméras permettent au chauffeur de surveiller ses outils. Prix : à partir de 1 280 000 €.
Ce même exposant présentait un montage original d’enfonce-pieu portatif Pajot, à moteur Honda. Cet outil était accroché à un équilibreur de charge, lui-même fixé à une potence montée sur le chenillard. Avec ce système, l’utilisateur plante des pieux sur deux rangs sans avoir à porter son outil. « À la fin de la journée, ça fait une grosse différence », assure Olivier André. Prix : 2 600 € la potence plus l’équilibreur de charge.
Son voisin TSM-Basset exposait une autre curiosité : le Geier 45 TSI, un chenillard doté d’un volant. « Ça se conduit comme une moto, et vous avez une poignée pour avancer et reculer », s’amuse Jean-Michel Basset, responsable nouveaux développements. Ici, pas de siège : le chauffeur se place sur des repose-pieds, qu’il peut incliner vers le bas en descente ou vers le haut en montée afin de compenser la pente. « L’engin assure 45 ch. C’est une machine pour le travail du sol et le broyage », poursuit l’exposant. Prix : 67 000 € avec relevage.
Chez Mécagreen, un portique enjambeur d’apparence très robuste a retenu notre attention. « Vous y accrochez les interceps que vous voulez, assure Patrick Dubois, gérant de cette entreprise basée à Saint-Pourçain-sur-Sioule, dans l’Allier. Vous réglez le déport, le dévers, la profondeur de travail et l’écartement. On a placé des patins de rattrapage de jeu dans les tubes afin d’assurer qu’ils coulissent toujours, même après des années d’utilisation. » Prix : à partir de 18 000 €.
À l’intention des vinificateurs, la Station Oenotechnique de Champagne est venue présenter un adjuvant de remuage sans bentonite, un test express de dépistage des Bretts et une mixtionneuse. « La mixtionneuse prépare la mixtion de tirage [le mélange vin de base, levures, adjuvants et sucre, ndlr] au fur et à mesure du tirage, explique Nicolas François, directeur de l’établissement. S’il y a un incident sur la tireuse, vous n’avez pas de vin qui reste en cuve dans l’attente du tirage. Vous n’avez pas non plus de problème avec les fins de tirage, alors que c’est souvent le cas lorsqu’on prépare la mixtion en cuve. » Une machine destinée à la location.
L’adjuvant de remuage est composé d’alginate et de cellulose. Pourquoi se passer de bentonite ? « Parce qu’il y a dedans de l’aluminium, qui passe dans le vin. Or l’aluminium est dans le collimateur de l’OMS », prévient Nicolas François. Quels résultats avec ce nouvel adjuvant ? « Pour le remuage et le dégorgement, il n’y a pas de différence. En revanche, on a moins d’oxydation. On le voit sur les champagnes rosés, dont la robe tient mieux. »
Le test Brett, enfin. En 20 minutes, il fournit le nombre de cellules présents dans un échantillon et leur viabilité, par quantification de l’ADN et de l’ARN de ces levures. « L’ADN nous indique la population, et l’ARN sa viabilité, que nous évaluons de 1 à 5, détaille l’exposant. Nous analysons aussi bien les moûts que les vins. » Prix : 80 € l’analyse.
Vigneron à Oger, dans la Marne, Frédéric Lefebvre a conçu un carton de six à plat et fl@. cd, l’encaisseuse qui va de paire. « On manque de place dans nos chais. Il nous fallait donc une machine compacte », explique son épouse Christine. « Nous avons aussi imaginé le carton avec ses intercalaires intégrés et son ouverture prédécoupée. Avec ce modèle, on respecte la future norme européenne qui fixe à 50 % au maximum le taux de vide dans un emballage. On met par palette jusqu’à 504 bouteilles de 75 cl de tout format (champagne, bordeaux, bourgogne…), tout en obtenant des palettes plus stables qu’avec les cartons classiques. » Cette machine attrape 500 bouteilles de l’heure, les encartonne et ferme le carton… sans faire de bruit. Une version capable de traiter 1000 cols/h est en préparation. Prix : 68 000 €.