ette année, la cicadelle africaine Jacobiasca lybica s’est propagée sur de nouveaux territoires. Dans les Pyrénées-Orientales, « Elle a explosé dans la plaine de Perpignan. Et de Port-Vendres, elle est remontée sur Rivesaltes » rapporte Lionel Delbac, chercheur à l’Inrae de Bordeaux (UMR Save) qui coordonne avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) le programme OVNI pour ObserVatoire des insectes Nuisibles ou Invasifs du vignoble.
Mais contrairement à l’an passé, les attaques sont arrivées tardivement à la fin août. « Le début de l’été a été relativement tranquille en raison des conditions climatiques, qui au départ, ont été pluvieuses et un peu moins caniculaires. L’insecte a donc commencé à apparaître fin juillet puis la pression est montée en flèche à la fin août. A proximité de Perpignan, des parcelles sont ravagées. Et l’on note des différences notables selon les cépages : les dégâts sont limités sur le carignan et le grenache mais explosifs sur la syrah. Au 23 septembre, j’ai vu des parcelles de syrah entièrement grillées avec la présence de jusqu’à 17 individus par feuille », précise le chercheur. De même l’insecte a débarqué dans l’Aude. « Il a été signalé dans le secteur de Narbonne et de La Clape. Dans ce secteur il y a un spot qui démarre », indique-t-il. Dans le Var, l’insecte initialement présent sur les communes Bormes-les-Mimosas et La Londe-les-Maures s’est également déplacé vers l’Est le long de la Côte vers Brégançon.
Lionel Delbac a très récemment découvert la cicadelle Erasmoneura vulnerata sur un cep de cabernet- sauvignon dans le jardin d’un particulier à Bègles en plein centre-ville. Cette cicadelle est une espèce invasive originaire de la région des grands lacs aux Etats-Unis. Elle a été détectée au Nord de l’Italie dans le Piémont puis s’est propagé en Slovénie, Roumanie et Hongrie et dans le Tessin en Suisse. « C’est une cousine éloignée de la cicadelle des grillures. Mais elle se nourrit différemment. Alors que la cicadelle des grillures pique dans les nervures des feuilles, Erasmoneura pique dans le limbe et vide les cellules. Cela se traduit par de très nombreuses ponctuations blanches sur les feuilles, ce qui réduit la capacité photosynthétique des rameaux primaires et secondaires. En revanche comme elle pique le limbe, elle n’est pas vectrice de virus ou de phytoplasmes », détaille le chercheur.