Pas de bruit, peu de frais de maintenance, recharge facile, précision de travail » : en quatre arguments, Cyril Bonnet, gérant du Champagne Bonnet-Ponsot à Chamery dans la Marne, résume pourquoi il a basculé vers l’Alpo, l’enjambeur électrique conçu par SabiAgri. Après quatre saisons d’utilisation sur ses 10 ha en bio, il n’envisage plus de revenir en arrière. « D’autant qu’avec l’installation de panneaux solaires sur mon bâtiment, je travaille pour 1 € de l’heure sans consommer de pétrole. » Et d’ajouter, « le silence a complètement changé ma façon de travailler. »
Huit ans après la création de SabiAgri et cinq ans après la sortie de l’Alpo, environ 70 tracteurs sont en service dont vingt en Champagne. Le faible coût d’utilisation est l’un des atouts majeurs de cette machine. L’entretien se limite globalement à la vidange de la centrale hydraulique : « 200 à 250 €/an, contre environ 3 500 € pour un enjambeur thermique hydrostatique de puissance équivalente » estime Johan Kouzmina responsable commercial pour la Champagne. La consommation quotidienne se chiffre autour de 15 €, contre 80 l de GNR pour un enjambeur classique (on vous laisse faire le calcul !). « En dix minutes, l’opérateur est autonome. Pas d’usine à gaz, juste un joystick à six boutons, quelques commandes et un écran unique », ajoute le responsable.
Le prix d’achat (à partir de 150 000 € pour 50 ch) reste supérieur de 15 à 20 % à un enjambeur thermique, mais le coût d’utilisation permet d’amortir rapidement l’écart, surtout pour les exploitations équipées de panneaux solaires comme celle de Cyril Bonnet.
Chez lui, l’Alpo est dédié au travail du sol, dans 60 parcelles dispersées sur quatre communes. La voie variable et la hauteur sous poutre de 2,05 m offrent une vraie polyvalence. « J’ai testé l’Alpo trois jours de suite dans les coteaux, les 4 roues motrices à moteurs indépendants ont avalé les pentes sans problème. Depuis, je ne conduis quasiment plus que lui dès que j’ai un travail du sol à faire », explique le vigneron. Pour lui qui rehausse le palissage dans certaines de ces parcelles, c’est l’engin adéquat pour cette transformation.
Équipé de quatre autres enjambeurs thermiques, Bobard et Frema qu’il utilise aussi bien pour l’entretien du vignoble que pour les traitements, Cyril Bonnet ne met pas l’Alpo sur le même plan. Pour lui, la comparaison n’a pas lieu d’être : « L’Alpo est conçu pour le travail du sol et le rognage, pas pour la pulvérisation. Ce serait comme demander à un avion de savoir nager. »
Le confort est au rendez-vous : pas de vibrations, pas de bruit moteur, et des risques réduits de contamination des feuilles ou des baies par de l’huile hydraulique. Seuls points faibles relevés par le vigneron : un palonnier qui manque de souplesse et qui n’encaisse pas toujours bien les chocs dans les terrains irréguliers. Dans ce cas, « il faut savoir ralentir », dit-il. Cyril Bonnet ajoute que les suspensions sont perfectibles et que le débit de centrale hydraulique un peu juste (25 l/min à 100 bars), raison pour laquelle cette centrale « peut chauffer en cas de fortes contraintes ».
Pour y remédier, l’exploitant utilise des interceps Belhomme à boule d’azote afin de moduler la pression en fonction des conditions de sol (souvent autour de 100 bars en sol argileux) et coupe la centrale. « En revanche, zéro problème lorsque je passe l’intercep mécanique dans les sols plus meuble », nuance-t-il. Et l’autonomie ne pose pas de soucis : des journées de 7 à 8 h s’effectuent sans recharger.
Du haut de ses 50 chevaux, l’Alpo n’a pas vocation à rivaliser avec les enjambeurs les plus puissants. « On n’est pas dans la surenchère, mais dans l’adéquation entre puissance et usages », explique Kouzmina.
La question de la pérennité est centrale : SabiAgri assemble désormais ses propres batteries et travaille sur leur recyclage, autant d’arguments supplémentaires auprès d’exploitants sensibles à leur empreinte environnementale. Reste à connaitre la durée de vie des batteries. Le fabricant promet 20 ans. « Dans 20 ans je serai à la retraite donc nous pourrons refaire un point avec plaisir à ce moment-là », s’amuse Cyril Bonnet.
L’Alpo, enjambeur électrique de 2 t, 50 ch et 2,05 m de voie variable, offre jusqu’à 10 h d’autonomie et une recharge rapide en moins de 2 h. Ses 4 moteurs indépendants assurent stabilité et couple, même sur 35 % de pente, tandis que ses trois zones de travail (porte-outil frontal, perches centrales, relevage arrière) accueillent des outils mécaniques, hydrauliques ou électriques. S’il faut un chauffeur pour le conduire, ce n’est pas forcément le cas de son petit frère, le Zilus. Cet interrang peut en effet fonctionner en mode robot guidé par GPS RTK, être télécommandé, piloté par un chauffeur ou travailler en coordination avec l’Alpo dans une même parcelle via « l’accord robotique » pour une productivité décuplée. Ce tracteur est disponible en 6 largeurs à partir d’1,50 m hors-tout jusqu’à 2 m avec une hauteur sous poutre entre 1,85 et 2,05 m.


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